... L'enceinte n'est pas tout à fait comparable à un instrument de musique, en ce sens qu'elle ne doit pas exprimer sa propre nature. Et c'est bien là la principale difficulté.
Alors qu'au contraire, un instrument de musique a une personnalité (un timbre) propre, qui se doit d'être de qualité, mais aussi "accordable" (en justesse de notes bien sûr, mais aussi en sonorités) avec les instruments avec lesquels il doit jouer. Donc pour des instruments de formations (orchestrales, chambre, groupes,...), pas de personnalité trop forte ou trop contrastante; par contre, en soliste ou en instrument seul, des fortes personnalités peuvent être envisagées.
Ceci dit, pour ôter tout timbre particulier, toute tonique (souvent appelés "couleur", la "coloration" de l'enceinte, que l'on cherche à éviter), les techniques et phénomènes de lutherie sont parfois utilisés, mais à l'envers.
Un instrument a probablement une ou des toniques, ou au moins une "sonorité" propre, l'enceinte doit n'en point avoir, et savoir accorder les fréquences de résonance des HP, l'évent, le volume de charge, et résoudre les résonances internes sans faire perdre d'énergie, ...
C'est sur ces points précis d'accord de charge, et sur la capacité d'exprimer du grave de qualité (avec aussi des charges et des HP de petite taille), que JMR a été surnommé "le sorcier de Barbezieux" par les critiques de matériels et les journalistes musicaux.
N'attendez pas qu'il dévoile toutes ses techniques; et de plus, certaines sont liées à toutes ses expérimentations, son expérience, et sont parfois du domaine de l'intuition, difficilement transmissibles.
L'intuition n'est pas quelque chose de mystérieux, mais une autre dénomination d'un système expert très abouti qui arrive à gérer des problèmes à très multiples variables, où la réflexion posée est parfois moins rapide et efficace que les ressentis et l'écoute des idées "qui germent toute seules", nourries par ces années de pratiques (tant avec les succès qu'avec les échecs d'expérimentations d'ailleurs), et par des écoutes attentives et sensibles de la musique.
Attention, ce ne sont pas des enceintes réalisées "à l'intuition". Mais des enceintes dont certains aspects, certaines techniques ont été intuitivement trouvés, puis mis au point et réglés ensuite avec de longues séances d'expérimentations, de mesures, de réglages, d'optimisations, et d'écoutes.
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-il y a derrière ces enceintes beaucoup de travail et beaucoup de recherches, par rapport à nombre d'enceintes du marché qui ne sont que des boites avec de l'amortissant dedans ...
-oui, et d'autant plus de recherches derrière de simples volumes de charges avec le moins possible d'amortissant/absorbant.
C'est assez compliqué de faire efficace, et faire simple en étant efficace signe souvent les grandes réalisations, comme dans beaucoup de domaines.
Rien que la détermination des volumes de charges et d'évent précis, avec accords très fins avec les HP, charges et évents dont les calculs ne sont qu'approchants, est un défi. Le reste, c'est de l'expérience, des mesures, du savoir-faire, et surtout du savoir écouter (les mesures de charges ne sont pas toujours faciles, faut parfois ruser pour déterminer les volumes, les pentes des parois internes, les formes, ...)
Et faut aussi avoir de bons HP (au besoin les développer), sinon l'accord est encore plus difficile à faire de manière équilibrée, cohérente.
Gérer puissance, vitesse (et accélération), absence de résonances et de toniques, phase, absence de bruits d'écoulements d'air ou d'effets pneumatiques, amortir sans perdre d'énergie, ... Faut de l'outillage, savoir s'en servir, et écouter, et innover pour trouver des solutions.
Les charges des Nano et EMP2, et celle des Offrande (à partir des Signature), sont assez particulières (et ne sont pas "modélisés" par des manuels. Faut comprendre, essayer (et se tromper ou échouer souvent), recommencer, suivre des intuitions parfois, être têtus comme des bourriques pour s'accrocher à certains problèmes (les résoudre, les vaincre, ou les contourner).
Moi, ça m'épate souvent.