La dynamique et la retranscription musicale

La retranscription musicale et sonore, technique, acoustique, prise de son, installations, évènements, ...
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Xavier - E&M
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Message non lu 04 oct. 2012, 11:53

Bonjour
J'ouvre ce sujet pour aborder cet aspect incontournable de la musique, et de la retranscription musicale et sonore. La dynamique est un aspect qui intervient de manière prépondérante dans le ressenti de la qualité musicale, que ce soit en écoute directe ou en écoute au travers de systèmes de retranscription.
Modifié en dernier par Xavier - E&M le 04 oct. 2012, 12:59, modifié 1 fois.
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Xavier - E&M
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Message non lu 04 oct. 2012, 11:54

Espace réservé pour données sur la dynamique, à venir par la suite.
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Xavier - E&M
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Message non lu 04 oct. 2012, 12:00

Nicolas77 a écrit :Pour rebondir sur ton article (au sujet du rendu de toutes les musiques sur un bon système hifi), la question que je me pose est : pourquoi les ingés sons et/ou labels de musique rock/electro compressent-ils autant la dynamique ?

Parce que !

Parce que plusieurs raisons, légitimes en quelque sorte, mais désastreuses pour la qualité musicale de haut niveau.
Les justifications de l'utilisation de la compression de dynamique:


Distinguons 2 types de compression de dynamique:

1° La compression de dynamique rendue nécessaire pour adaptation au format d'enregistrement, de support.
La compression de dynamique est impérative pour "faire rentrer" une dynamique enregistrée dans la plage dynamique du format destiné à contenir cet enregistrement, si la plage dynamique du support cible est inférieure à celle du signal sonore capté. Ainsi, la dynamique maximale que peut contenir un format de support est de:
- jusqu'à 60 dB pour le vinyle,
- jusqu'à 96 dB pour le CD,
- jusqu'à 120 dB pour le SACD,
- idem il me semble pour le DVD audio,
- jusqu'à 50 dB pour la bande radio FM, 30 dB pour la bande AM.

Pour des enregistrements plus dynamiques que le support qui va les contenir, il est impératif d'adapter la dynamique.
2 options envisageables: soit faire une compression globale, avec une machine qui va appliquer un algorithme (vous comprendrez qu'il existe une infinité d'algorithmes possibles, et que donc chaque compresseur peut proposer de nombreuses solutions, et avoir globalement une typologie de travail, et de rendu, et avoir une image de marque, des caractéristiques, tout comme les appareils Hifi), soit, autre solution plus respectueuse de la dynamique originelle, "raboter" les pics de dynamique (là encore pas n'importe comment, de nombreuses manières de faire sont possibles) pour que l'ensemble de l'enregistrement avec sa dynamique puisse rentrer dans le format visé. On peut là veiller à conserver le maximum de dynamique à l'ensemble de l'enregistrement, en touchant juste les pics et en laissant pleine dynamique au reste du signal.

Pas de panique pour le vinyle: 60 dB c'est déjà énorme, et bien peu d'enregistrements ou de conditions de salles d'écoutes permettent une telle dynamique.
Mais alors, quel est l'intérêt de pousser jusqu'au CD, voire au DVD audio, SACD, BR et autres formats hautes définition? Tout simplement parce que ces formats de plus haute définition ont aussi d'autres qualités à faire valoir: échantillonnage plus fin, et bande passante élargie.


2° La compression de dynamique adaptative:
-à la musique (mastering musical) pour moduler les éléments sonores en travail multipistes. Par exemple, pour mettre en valeur, ou au contraire mettre en retrait certaines "nappes" de sons, certaines pistes, certains instruments, certains sons: appliquer de la compression de dynamique à un fond sonore ou sur une partie de la musique permet par exemple de faire ressortir le message vocal préservé.
Exemple: l'intro de Melody Nelson, de Gainsbourg: ressentez la musique (batterie et basse) molle, empâtée, absolument pas naturelle (jamais on n'a l'impression d'être en présence vivante des instruments), par opposition à la voix de Gainsbourg, très présente, lisible, vivante, chaude, proche. L'effet est voulu, maîtrisé (Gainsbourg était un vrai méticuleux):

Image

Compression adaptative (suite):
-aux matériels d'écoute: la musique très dynamique ne peut pas être écoutée telle que avec des matériels peu performants, HP peu qualitatifs: un signal très dynamique perdra plein d'informations sur ces systèmes incapables de donner des faibles sons délicats, comme des montées en puissance rapides sans en faire de bouillie. Pour prévoir l'utilisation sur des systèmes "basiques", les labels "préparent" les musiques à ces systèmes d'écoute peu performants, notamment sur les musiques destinées à une diffusion large et "populaire". Ca touche la variété, la pop, et plein de musiques. De même, si un système peu performant n'arrive pas à encaisser des dynamiques fortes, il y a risque soit de "péter" le matériel d'écoute, soit de faire de la bouillie sonore avec ces montées dynamiques
-aux conditions d'écoute (pour passer au dessus du bruit de fond ambiant): une musique réellement dynamique, avec des pianissimi et des forte, comment sonnera-t-elle dans un milieu bruyant (centre commercial, boite de nuit, automobile) ? on n'entendra rien des messages subtils à faible niveau, et les montées dynamiques seront assourdissantes et brouillonnes. Pour parer à ça, la compression de dynamique appliquée moyenne le niveau sonore, le ramène à un niveau étale, qui fait que le niveau sonore entendu est constant, et avec l'avantage qu'étant constant, on peut le mettre fort, bien au dessus du niveau de bruit ambiant
-aux niveaux sonores globaux recherchés (recherche du niveau sonore élevé), avec trafic sur les niveaux sonores autorisés; comme expliqué juste ci-avant, compresser la dynamique permet d'avoir un niveau sonore global plus élevé.
Les radios périphériques (avec les musiques de d'jeun's) essayent ainsi de passer par dessus les radios voisines, avec un son plus fort, sensé attirer plus par une sensation factice de "plus de pêche",
De même, ça permet de "tricher" sur les niveaux sonores imposés sur les pubs radios et télés, et sur le niveau sonore dans les boites de nuit, en étant juste au dessous des limites maximales, mais avec un niveau sonore moyen très proche de ce niveau maxi.
En effet, la compression de dynamique voulue par les labels et pratiquée par les ingés son consiste souvent à prendre une musique en général pas trop mal enregistrée, qui atteint parfois 30 dB (ce qui est déjà beaucoup), et à la passer dans un compresseur qui ramène cette musique à 1 dB, voire moins. Ce faisant, une musique de 30 dB de dynamique qui devait en gros avoir un niveau moyen de 15 dB en dessous de la limite pour rester en dessous de cette dernière, pourra monter, après compression, à 1 dB de la limite. Elle sera beaucoup plus forte globalement, tout en restant dans les clous règlementaires.

Une vidéo qui illustre la compression de dynamique, par Christian Hugonnet, qui dénonce régulièrement les méfaits de cette pratique (notamment lors de la "semaine du son" organisée chaque année)
http://www.dailymotion.com/video/xbt2nr_qu-est-ce-que-la-compression-semain_tech


réponse en cours de rédaction:
Conséquences sur la qualité musicale objective, et subjective, adaptabilité (ou non) et spécialisation des matériels d'écoute
Nicolas.D
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Message non lu 07 oct. 2012, 16:55

Merci Xavier pour ces explications limpides.
J'ai trouvé un autre article sur le sujet : très instructif également.
A force de trop compresser et d'élever le niveau sonore, on va créer des générations de sourds ; la musique devient alors un bruit distrayant : on l'entend mais on ne l'écoute plus vraiment :(
Heureusement qu'il y a encore quelques résistants pour continuer à honorer nos oreilles
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Pascal Pebret
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Message non lu 07 oct. 2012, 18:18

Xavier, relance donc une écoute de l'intro de ce CD de Serge Gainsbourg pendant que tu disposes encore du Diablo .
Tu seras surpris!
Je dispose de la version remasterisée limitée, et je peux te dire que je ne ressents pas du tout la même chose que toi.
Certes, l'intro a cette particularité, une voix projetée du chanteur, mais pour le reste il y a vraiment pire sur le marché !!
Image
Et qui te dit que cette particularité n'ait pas été faite exprès !!
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Xavier - E&M
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Message non lu 07 oct. 2012, 22:49

Mais je dis justement qu'elle a été faite exprès: compression de la musique de manière à bien faire ressortir la voix, précise, présente, sur le fond musical mis en retrait en fond sonore brouillé par la compression de dynamique. L'enregistrement n'est pas compressé, c'est juste la piste musicale des instruments qui l'est, pour donner toute l'importance à la voix qui ne l'est pas (compressée).
La voix n'est pas projetée, sa mise en place est soignée pour être bien devant (pas dans l'espace, mais en importance, lisibilité et présence).
Cet effet est très bien fait, et l'ensemble du CD est plutôt de bonne qualité comparé à ce dont on nous farcit habituellement les oreilles sur ce type d'oeuvre musicale.
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Pascal Pebret
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Message non lu 08 oct. 2012, 09:16

Alors, on est bien d'accord !!!
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Message non lu 11 oct. 2012, 10:44

La compression est un mal mais un mal parfois nécessaire quand on se lance dans la multimicrophonie ou que l'on tente de mélanger ensemble des instruments dont la puissance sonore naturelle n'est pas toujours compatible. C'est toujours le cas avec des chanteurs de jazz, de rock ou de variété accompagnés par un orchestre.

Sans la compression, les musiques dites actuelles, le jazz, le rock... n'existeraient pas. La compression permet de réaliser des orchestres imaginaires.

Quand elle participe à l'élaboration d'un son et que la notion de fidélité n'est pas déterminante, elle est tout à fait légitime. Pour reprendre l'exemple de Gainsbourg, qui a été cité précédemment, il est certain que la voix que l'on entend dans ses disques n'est pas naturelle, elle essaie d'être simplement crédible car, en aucun cas, une voix réelle non amplifiée n'est aussi grosse; pourtant, sans compression, les disques de Gainsbourg n'auraient jamais pu exister. Ceci est également vrai pour la sonorisation des concerts.

Parfois et même trop souvent, la compression est utilisée de façon très exagérée pour des raisons mercantiles. Il s'agit d'être le plus fort quand on passe à la radio et de masquer les bruits du moteur. La haute-fidélité n'est plus concernée à ce stade. Voici un lien que j'ai communiqué assez souvent: http://turnmeup.org/ le petit film de milieu de page est très révélateur. C'est en anglais mais on comprend très vite.

En classique et, plus généralement, pour tous les enregistrements de musiques naturelles ou de sons réels, la compression est inutile et dévastatrice. Elle est malheureusement employée pour arranger des prises de son contestables ou mal engagées.

En général et pour corser le tout, la compression s'accompagne le plus souvent d'une égalisation et de l'ajout d'effets, de réverbération... acceptables en rock mais pas quand on veut reproduire de l'existant.
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Pascal Pebret
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Message non lu 11 oct. 2012, 11:27

M. Muller, pourquoi votre catalogue de musique classique se restreint-il à des prises de son de petits ensembles dans les studios Passavant ?
Je n'ai pas trouvé de concert de musique symphonique...
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Message non lu 11 oct. 2012, 12:06

Les "Arias de Mozart" du catalogue Passavant est un enregistrement d'airs d'opéras interprétés par la soprano colorature Géraldine Casey et l'Orchestre Philharmonique de Constance en Allemagne. Ce disque a été récompensé d'un Orphée d'Or de l'Académie du disque lyrique (Prix Dussurget de la meilleure interprétation Mozart) en 2010.

Mais vous avez raison, cet exercice est plutôt rare chez nous car les meilleurs orchestres sont inaccessibles puisque déjà sous contrat avec de grandes firmes de disques. Les cachets sont très élevés et il faut être conscient qu'on ne peut compenser ces difficultés en enregistrant un orchestre assez moyen qui ne présente pas beaucoup d'intérêt dans la mesure où il produit une interprétation moyenne d’œuvres souvent connues pour lesquelles les références ne manquent pas et un son de qualité très moyenne, pas très ensemble et pas très juste, qu'aucune prise de son ne pourra améliorer. Et il faut la salle qui va bien. Publier de la musique d'orchestre n'est pas qu'une simple question d'envie.

Il y a aussi ma préférence assez nette pour la musique de chambre que l'on gagne à reproduire à niveau réaliste chez soi car la proximité révèle parfois des richesses insoupçonnées. Qui n'a pas rêvé d'un concert privé à la maison ? C'est ce que j'essaie de retrouver et c'est compliqué avec une grosse formation. Un grand orchestre m'émeut au naturel mais le disque ne le sert pas toujours très bien. Je vais donc au concert et n'écoute pas d'orchestres sur ma chaîne.

Néanmoins, je suis en pourparlers avec une bonne formation dont le chef semble rechercher la simplicité d'une prise de son naturelle. Nous allons procéder à quelques essais, notamment dans deux ou trois salles différentes pour évaluer les acoustiques les plus appropriées. Ces premiers enregistrements ne pourront pas être publiés pour des raisons contractuelles mais, si tout se passe bien, nous verrons pour la réalisation de disques. Il ne faut pas seulement réaliser de bonnes prises, il faut également garantir une large diffusion et l'accès à la critique. Comme nous sommes diffusés par un distributeur de taille européenne, nos chances sont réelles mais ça prendra du temps.
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Pascal Pebret
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Message non lu 11 oct. 2012, 12:30

Ooops, les Arias de Mozart, bien sur, je l'avais oublié celui là !!! :oops:
Je comprends parfaitement les problèmes rencontrés pour ce genre de diffusion.
Et j'ai hâte de découvrir le fruit de vos prochaines aventures !!
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Message non lu 11 oct. 2012, 13:43

Sans la compression, les musiques dites actuelles, le jazz, le rock... n'existeraient pas. La compression permet de réaliser des orchestres imaginaires.

Bonjour ,
Je suis heureux de lire cela de la plume de Mr M. himself !
ça coupera court à toutes croyances qui laissaient penser que seul le rock ,la pop ou le métal Hurlant en était affecté ,ils le sont tous et juste simplement un peu plus que les autres pour les raisons invoquées dans l'intervention de Mr M.

Je profite du passage de Mr.M sur ce topic pour lui demander:
Mais alors comment faites vous pour vous en passer et contourner l'obstacle dans vos productions ?
( Il doit y en avoir nécessairement un peu ,pas uniquement basé sur "l'astuce "d'un niveau d'enregistrement plus bas que de coutume ailleurs ?
Ou bien encore le fait que de limiter le nb de micro vous dispense de ce mal nécessaire !)

j'ai en effet constaté comme bcp sur la bonne quinzaine de vos enregistrement dont je dispose toutes technologies confondues. (Depuis vos tout premiers DSR commercialisés et livrés avec un down mix stéréo sur CD juqu'à vos derniers Natural Stereo ) que pour obtenir un niveau d"écoute identique à un CD de label X( Gd Majors )
,il faille pousser notoirement le bouton de vol (3dB voir + )
C'est d'ailleurs à cela que je reconnais désormais le niveau de compression des diques du commerce que j'achète !

Un grand orchestre m'émeut au naturel mais le disque ne le sert pas toujours très bien. Je vais donc au concert et n'écoute pas d'orchestres sur ma chaîne.

J'ai exactement le même ressenti que vous ,je reste le plus souvent sur ma faim avec plein de frustrations sur ce point par rapport au plaisir physique apporté par le concert ...dans de bonne salle et placement idéal ..
Et en ce domaine ,il y aurai également matière à discuter ..
PLEYEL les 12 premiers rangs ok
..le théâtre des champs ..un peu mieux ..
Le palais des congrès ...bof
Bobino pas mal
le theatre du chatelet j'aime bien !
L'olympia .JOKER !
Pourquoi tant de salles si moyennes ??
Bercy ...NC
Je me disais que c'est ma modeste installation et ma pièce d'écoute qui en était la cause ...mais pas que à vous lire ... Merci !
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Philippe MULLER
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Message non lu 11 oct. 2012, 16:02

Je n'utilise et n'ai jamais utilisé de compresseur, ce qui ne veut pas dire que je n'en n'utiliserais pas si les circonstances m'y contraignaient mais cela n'est jamais arrivé jusqu'à présent. Par principe, je suis contre, fais tout pour l'éviter et 'y suis toujours parvenu. Pourvu que ça dure!

La réduction du nombre de micros à un seul par enceinte (ou par canal) est assurément le meilleur moyen d'y parvenir mais, mal réalisée, une prise stéréo de ce type est difficilement rattrapable, ce qui est problématique quand il y a un disque au bout. Pour ne pas prendre de risques, une majorité de preneurs de son multiplie les micros de proximité et mélange sa soupe à domicile avec un peu de sel par ici, de crème fraîche par là... Cela fait un breuvage buvable, parfois agréable, même si le goût des légumes est difficilement identifiable par un vrai connaisseur mais, les connaisseurs ne sont pas les plus nombreux donc, ce n'est pas demain que ça changera. Etant propriétaire de mon label, j'assume les risques. Quand d'autres labels emploient mes services, ils viennent chercher du Passavant ou du Muller et savent à quoi s'attendre; cela fait partie des règles du jeu.

Une prise de son s'apparente à une prise de vue: vous disposez d'un cadre dans lequel vous devez faire entrer toute la scène. Vous vous approchez ou vous reculez ou, si les visages commencent à être imprécis, vous ne vous éloignez pas mais vous demandez au gens de se regrouper, comme pour une photo de mariage. Ce qui différencie l'amateur du professionnel, c'est que ce dernier prend de multiples détails en compte, lesquels contribuent à la restitution d'un certain relief. L'environnement et les détails apparemment anodins sont aussi importants que le sujet principal. L'expérience apprend à les détecter et à les utiliser. C'est long! Quand l'orchestre est gros et le son trop fort, il déborde du cadre. Il faut s'éloigner. Quand l'instrument est seul et faible, il faut s'approcher sinon, il sera perdu dans l'image. Il y a donc toujours moyen d'obtenir un niveau crédible en rapport avec l'image contenue dans la prise de son.

Le système d'écoute est évidemment très important. Il faut trouver le bon, sachant que d'autres que vous écouteront votre enregistrement qui doit bien se comporter sur d'autres installations que la vôtre. Pour ma part, je ne tiens pas compte des installations basiques; je considère qu'un mélomane possède nécessairement une installation correcte. Passavant n'est pas un label populaire. Cela dit, les petites enceintes modernes de qualité ne cessent de m'étonner chaque jour un peu plus. En fait, c'est l'acoustique de la régie qui compte le plus, autant que celle de la salle où se tiennent les musiciens. Cela semble paradoxal mais, comment entendre ce qui se passe si vous placez un filtre flou devant votre objectif ? L'égalisation ne peut supprimer le flou ni le remplacer par du beau son. Une mauvaise régie puis une mauvaise salle d'écoute s'entendront toujours et vous empoisonneront la vie pendant l'enregistrement puis, évidemment, plus tard à la maison. Le casque ne me satisfait pas car il n'est pas compatible avec l'écoute sur enceintes.

On peut enregistrer un orchestre de façon crédible si l'on accepte l'idée qu'il sera entendu avec un certain recul en stéréo. Pas question de le faire entrer dans votre salon sauf si votre pièce est immense et votre chaîne monstrueuse. Vous pouvez l'écouter à niveau réel comme si vous étirez au premier balcon de la salle de concert mais pas au premier rang. Et puis, l'orchestre, ce n'est pas systématiquement Carmina Burana ou Ouverture 1812. Hier, j'écoutais notamment le Tombeau de Couperin en concert, une très belle œuvre qui ne déchaîne pas les décibels. Même le Boeuf sur le Toit est passable si on sait se tenir à distance. Attention! pour cela, il ne suffit pas de baisser le niveau de l'ampli car le résultat n'est pas comparable à ce que l'on obtient en s'éloignant de la source.

Pour des projets insensés, il faut admettre les limites imposées. Rouler à 300km/h n'est autorisé que sur circuit avec un véhicule adapté.
Nicolas.D
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Message non lu 11 oct. 2012, 16:35

Philippe Muller a écrit :Sans la compression, les musiques dites actuelles, le jazz, le rock... n'existeraient pas. La compression permet de réaliser des orchestres imaginaires.

Et pourtant l'album "Nouvelle vie" de Vincent Bidal est un album de jazz sans compression ... donc il y a des exceptions. Du coup aurons-nous la chance un jour de pouvoir écouter un album live de rock chez Passavant ?
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Xavier - E&M
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Message non lu 11 oct. 2012, 16:58

:twisted: Dark Vador, sors de ce corps !
Philippe ne devrait pas passer du coté obscur de la force*. (Du moins pas tant que les instruments ne seront pas majoritairement acoustiques, l'écriture faite pour ces instruments acoustiques, que le niveau sonore élevé ne soit pas une composante indispensable de cette musique, que les compositions (et textes) soient soignés, ... - et tout ça à la fois, car il est vrai que ces critères peuvent être de bon niveau qualitatif sur ce type de musique, mais jamais tous en même temps).

L'esthétique sonore (et musicale), et la philosophie générale aussi de ce type de musique ne sont pas forcément en adéquation chez les amateurs de petites formations classiques et les amateurs de rock. On peut aimer les 2, ou l'un, ou l'autre, mais un simple changement de prise de son ne devrait pas suffire à faire franchir certaines frontières.
Accessoirement, je crois que Philippe a expliqué que le souci de ce type de musique est la disparité des niveaux sonores des instruments, qui impose de facto de la compression de dynamique;
Sauf à utiliser la méthode Chesky: le réglage de niveau sonore des instruments par l'éloignement physique des pupitres. J'ai eu le témoignage d'un participant de ces enregistrements Chesky, l'éloignement physique est un souci pour jouer ensemble,
et accessoirement, un instrument proche, mais enregistré bas (ou joué bas), et le même loin, mais enregistré plein pot, ça fait pas la même chose du tout !

Pour le passage classique/musique pop, je pense au groupe Revolver, qui rencontre actuellement pas mal de succès. Les membres de ce groupe français sont tous issus du conservatoire. Leur répertoire pop est gentil, pas de la force de certains rocks ou du classique il me semble, mais surtout, ils sont vraiment passés coté pop: enregistrements compressés à fond, fidèlement aux pratiques du monde pop, et du coup, pour moi, ils ruinent une possible passerelle entre leurs connaissances et savoir-faires et le monde qu'ils investissent (la pop). Ils ont pour moi raté cet enrichissement que leur expérience classique aurait pu apporter au genre. Mais il me semble qu'ils cartonnent (concerts, CD), donc dans un certain sens c'est réussi pour eux, mais pour moi, la musique n'y gagne pas grand chose.

* C'est une image: le rock n'est pas le coté obscur du classique qui serait le coté légitime et lumineux, mais ces mondes fonctionnent différemment, avec de nombreux aspects antagonistes difficilement conciliables, même si encore une fois il est possible et normal d'apprécier les 2. Mais pour des raisons totalement différentes.
Modifié en dernier par Xavier - E&M le 11 oct. 2012, 17:12, modifié 2 fois.
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Philippe MULLER
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Message non lu 11 oct. 2012, 17:06

Nicolas.D a écrit :
Philippe Muller a écrit :Sans la compression, les musiques dites actuelles, le jazz, le rock... n'existeraient pas. La compression permet de réaliser des orchestres imaginaires.

Et pourtant l'album "Nouvelle vie" de Vincent Bidal est un album de jazz sans compression ... donc il y a des exceptions. Du coup aurons-nous la chance un jour de pouvoir écouter un album live de rock chez Passavant ?


Nouvelle Vie est le seul album de ce type enregistré par Vincent Bidal, lequel n'a pas poursuivi en ce sens et pourtant, je suis persuadé qu'il s'agit de son enregistrement le plus connu et le plus répandu. C'est le problème rencontré avec les jeunes musiciens qui sont perdus sans les aides apportées par la technique. Au début, quand ils écoutent nos enregistrements existants, ils aiment le résultat mais l'absence de casques, de retours, de mixage, de rattrapage après coup... les stressent énormément. Malheureusement, comme je ne peux pas apporter ce type de facilité si je veux préserver les qualités qui me sont chères, l'aventure ne va pas très loin. Peu de disques récents seraient envisageables en prise de son naturelle. Seuls les musiciens plus âgés sont attachés à la simplicité et l'exigent.

Pour le rock, c'est pire! L'idée de tourner le bouton de volume de la chaîne est inimaginable. Il faut que ça sonne plus fort que les autres. La référence, c'est le passage radio FM ou Internet. J'avais essayé, histoire de ne pas mourir idiot mais je me suis heurté à un mur. Cela étant dit, comme je ne suis pas un vrai spécialiste de cette musique, je ne l'aborde probablement pas de la bonne manière.

Je confirme ce que dit Xavier: la musique doit être prévue pour l'enregistrement naturel avec des musiciens en état de se voir et de s'entendre.
Modifié en dernier par Philippe MULLER le 11 oct. 2012, 17:10, modifié 1 fois.
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Message non lu 11 oct. 2012, 17:09

Est il possible de concilier prise de son et maîtrise de la musique ?
En bref, peut on être ingénieur du son et grand musicien concertiste ?
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Message non lu 11 oct. 2012, 17:11

Pascal Pebret a écrit :Est il possible de concilier prise de son et maîtrise de la musique ?
En bref, peut on être ingénieur du son et grand musicien concertiste ?


Ce n'est pas incompatible mais ce n'est pas le même métier. L'un ne conditionne pas l'autre, question de point de vue.

par contre, la complicité entre le preneur de son et le directeur artistique est très bénéfique. Ces deux-là, s'ils se complètent bien, sont capables de faire des choses épatantes.
Modifié en dernier par Philippe MULLER le 11 oct. 2012, 17:14, modifié 1 fois.
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Message non lu 11 oct. 2012, 17:13

Rhôooo, le Maître preneur de son botte en touche !!!!!!.... :lol:
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Xavier - E&M
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Message non lu 11 oct. 2012, 17:26

Les soucis que j'imagine, c'est parfois quand les musiciens, ou chefs de formation, se mêlent de la prise de son et surtout du mixage, sans que ce soit justement leur métier.
-ils n'entendent pas forcément ce que le public entend de la position respective de chacun (c'est même certain), est-ce que ça joue sur leurs demandes ?
-et ensuite les aspirations d'un soliste qui est à l'honneur dans un disque dédié, avec formation musicale, ne seront pas forcément celles d'un ingé son ou preneur de son qui a forcément une vision plus globale.
-que de disques ainsi où les solistes sont parfois abusivement mis en avant (par eux mêmes, ou par les décisionnaires), distordant l'oeuvre (je pense à un exemple extrême, un enregistrement de Bartoli chez Decca, où l'orchestre semble (de mémoire) fortement compressé, et presque absent, comme s'il jouait depuis une pièce fermée ou lointaine).
-et un chef d'orchestre pourra avoir tendance à faire obtenir par le mixage les équilibres qu'il aurait souhaité à l'enregistrement, encore une fois avec le risque supplémentaire d'étalonner à partir de sa position de chef, et non de celle du public.

Je vois les mêmes types de risque que lorsqu'un client se prend à s'envisager les compétences du professionnel qu'il engage, ou avec lequel il doit collaborer. J'imagine bien ce qu'a exprimé Philippe, la collaboration et le respect des compétences de chacun peuvent apporter une belle richesse de résultat.
Modifié en dernier par Xavier - E&M le 11 oct. 2012, 17:48, modifié 2 fois.
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