Le coin des cinéphiles

[paullp]

C'est pas sympa de te moquer de notre ami Matthieu

En même temps les oreilles sont le réceptacle, une meilleure nanalogie serait de savoir si la grande musique procure un plus grand plaisir. Ou alors on peut revenir à la sempiternelle question de la taille de la membrane...

[DJ Xav]

Je tiens à préciser que je n'aime pas que les films un peu olé-olé, j'aime bien les films intellectuels aussi... Comme "l'empire des sens" par exemple. Quel beau film!



Ou "grotesque" dans un genre un peu plus Z:

[DJ Xav]

En plus soft je suis toujours amoureux de Judith Godrèche dans sa robe jaune dans le film "ridicule"...

[DJ Xav]

... et de Cameron Diaz dans "The mask":

[iPodz]

Revenons à nos moutons actuels...

Ce matin:
STAR TREK: SANS LIMITES de Justin Lin.


Quand j'ai appris que c’était Justin Lin qui prenait les commandes du Star Trek 3, ma plus grande crainte, vu le grand spécialiste du froissage de tôle qu'il est devenu (4 tomes de la franchise Fast & Furious quand même !), c’était qu'il nous raye l'aile droite de notre Enterprise chérie...
Et pour être tout à fait honnête, hormis deux ou trois castagnes pas très lisibles et quelques séquences sous exposées (la faute à la 3D ?), l'ensemble de ce troisième épisode est parfaitement emballé !!!
On retrouve pour notre plus grand plaisir, cet esprit de famille qui unis l'équipage du plus célèbre des vaisseaux explorateurs de galaxies, ainsi que cet humour de vieux potes, omniprésent tout du long, et qui fait très souvent mouche (la palme à Leonard McCoy !).
Avec ce STAR TREK: SANS LIMITES, on a le sentiment de croiser enfin des centaines de créatures de races différentes, de découvrir des mondes et des designs typique de l'univers infini si cher à son créateur, sans qu'on se disent une seule fois qu'on a déjà vu ça ailleurs. Pas la peine de s'étendre sur les sfx quasi parfaits, on en a bien pour 180 millions de dollars.
Les enjeux par contre sont toujours un peu les mêmes, Starfleet unis les mondes et les espèces à travers l'univers, sauf qu'il y a toujours un vilain petit canard qui veut toujours tout foutre en l'air... mais en ces temps troublés terriens où la guerre économique a tendance à remplacer le conflit armée (thème de l'excellent DERNIER TRAIN POUR BUSAN), le message universel et pacificateur du sieur Gene Roddenberry est d'autant plus fort que l'agent du chaos actuel croit plus en sa guerre qu'en l'union (fait la force) du camps d'en face.
Un bon gros message de paix et d'amour dépourvu de toute niaiserie déguisé en énorme blockbuster eye poppin' fun.

[iPodz]

Et hier matin...

DERNIER TRAIN POUR BUSAN de Yeon SANH-HO.


Souvenons nous... la dernière apparition de zombies sur nos grands écrans, c’était pour WORLD WAR Z de Brad Pitt, oups pardon, de Marc Foster... ouais, bon en fait c'est kif kif vu le résultat final...
Hormis une scène de crash aérien bien tendue (c'est peu pour deux heures de film), c'est pas ce que l'on attendait d'une invasion mondiale à 200 millions de dollars.
L'ironie du sort ait voulu que dans le métrage de Foster, ils situent le patient zéro (départ de la pandémie) en Corée du Sud... et v'là tis pas que cette semaine, le pays du matin calme sus-cité nous livre enfin un vrai film de zombie digne de ce nom. Et ils n'ont pas eu la faiblesse de situer le patient zéro aux States (ce qui aurait pu être drôle ma foi !).
Quand on se penche un peu sur le C.V. de Yeon Sang-Ho, réalisateur du DERNIER TRAIN POUR BUSAN, on s’aperçoit que le bonhomme s'est fait la main sur quelques courts métrages ainsi que sur de l'animation, Satochi Kon, monstre regretté de l'animé nippon, étant une de ses inspirations principales...
Alors, quand Yeon s’intéresse au genre zombiesque et quand on connait la mirifique forme du cinéma Coreen depuis quelques années, on ne peut que saliver à l'idée d'une péloche bien musclée qui lavera l'affront d'un WWZ.
Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on est pas deçu. Ces visions d'infectés se marchant dessus, se ruant par vagues, tombant du ciel ou s'accrochant en une immonde grappe gémissante à la motrice de la dernière chance, resterons longtemps gravées sur nos rétines.
La grande maîtrise de la mise en scène, la gestion idoine des petits espace (70% du film se passe dans un train, à l'instar du TRANSPERCENEIGE, autre grande réussite... Coréenne !) fait que vous vous faite embarquer avec facilité, à la fois dans un pur film de genre ainsi que dans une analyse de la famille moderne sud coréenne.
Mais le plus intéressant ici reste son sous texte politique. Démarrant de façon anodine sur la résurrection d'une biche fauchée par la camionnette d'un maraîcher en zone mystérieusement infectée (idée d'une nature qui se vengerait), on apprendra au final que la pandémie a pour point de départ un centre de recherche techno-biologique, qui par la faute de magouilles boursicotières, n'a pas hésité à franchir la ligne jaune...
Autrement dit, quand vous remontez le fil de la plupart des catastrophes mondiales (famines, guerres, etc...) vous trouverez invariablement au bout les marchés financiers internationaux et son plus bel agent provocateur, le capitalisme ultra libérale.
Une bien belle métaphore carnassière pour illustrer l'effet papillon économique.

[iPodz]

Ce matin:

RESTER VERTICAL d'Alain GUIRAUDE.


Léo (épatant Damien Bonnard) est un scénariste free lance un peu fauché et perdu... entre l'approche d'un minet et la recherche du loup (que l'on verra au propre comme au figuré !) dans les splendides causses à brebis, la rencontre avec Marie, l'enfant qui déchire (propre et figuré encore une fois), Léo se fait ballotter par la vie comme une vulgaire coquille de noix.
C'est parce que Léo ne sait pas (ou ne sait plus) - vaut-il mieux être en couple ou célibataire ? être hétéro ou homo ? pondre un scénar ou s'occuper de sa descendance ? - qu'il débarquera (comme dans un rêve) par deux fois chez le docteur Mirande (délicieuse Laure Calamy) qui le guidera par les plantes et l'écoute...
Car chez Guiraudie, on film comme on respire et on baise aussi comme on respire. Les paysages sont magnifiques, les gueules incroyables, les sexes comme une origine du monde, de son monde incroyablement culotté.
Que le loup soit un problème pour les éleveurs (questionnement politique actuel), que ce soit le père qui aime et élève son enfant seul alors que la mère elle, s'absente (coucou aux anti mariage pour tous), qu'on soit sodomisé sur un solo de rock et qu'on en meurt de plaisir, Alain Guiraudie ne triche pas (quand il film la nuit, il ne le fait pas "à l’américaine" !) et imprègne sa pellicule avec de gros morceaux de vie dedans.
Avec un final animal et surnaturel (on pense à Wolfen et son mysticisme), le très beau RESTER VERTICAL nous invite à affronter nos angoisses en face, droit dans ses bottes et à ne jamais courber l'échine, jamais.

[DJ Xav]

On peut courber l'échine sur le solo de rock quand même si je t'ai bien lu

[iPodz]

On peut faire bien plus... tu m'as bien lu...

[iPodz]

Aujourd'hui:

TONI ERDMANN de Maren ADE.


"Faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux."
Voilà qui résume assez bien le fond de TONI ERDMANN, dernier long métrage de la jeune réalisatrice allemande Maren Ade.
Ines (excellente Sandra Hüller) est consultante chez un sous-traitant qui s'occupe de contrats "d'externalisation" d'une branche pétrolifère après rachat par une multinationale.
Vous n'avez pas tout compris à son job ? Pas grave, son père non plus au début ne comprend pas bien se qu'elle fait précisément à Bucarest. Sauf que, quand Ines rentre le temps d'un weekend dans la famille, qu'elle ne décolle jamais l'oreille de son portable et qu'à l'approche de son propre père, elle prétexte un faux appel pour éviter toute discussion, Wienfried (Peter Simonischek, sorte de Francis Weber teuton) redoute le pire.
Parce qu'à force de talent, de savoir faire et d'ambition, Ines est devenue un parfait petit soldat du capitalisme, la subalterne qui doit nettoyer le trop plein de mains d'œuvre après OPA, tout en acceptant les petites humiliations de ses supérieurs lors de cocktails faussement décontractés.
Alors en visite imprévue en Roumanie, il n'aura de cesse, lui l'auguste de la fratrie, pince sans rire grimé en squelette, professeur de piano à ses heures et endossant les frusques de Toni Erdmann (dentier et perruque feront l'affaire), de ramener sa fille sur le plancher des vaches, elle qui ne se rend plus compte de rien.
C'est déguisé en chewbacca bulgare, lors d'un "naked brunch" iconoclaste et véritablement hilarant, que le déclic se fera chez Ines. Vaincue par une robe récalcitrante, attendrie par la boule de poils folklorique, elle finira par retrouver un peu de légèreté (sacré dentier !) et de l'humanisme perdu dans la broyeuse libérale.

[Stef Ledarp]

Fan de A.G. Inarritu, cette semaine ce sera son dernier, pas encore vu :

[paullp]

@Stef Ledarp, J'ai bien bien aimé Birdman !

[iPodz]

On parlait y a pas si longtemps de Roman POLANSKI et de l'ensemble de son œuvre, en étant pour ma part un poil "critique"...

Et bien figurez vous que j'ai enfin vu LA VENUS A LA FOURRURE (sur Arte en HD), et je dois bien avouer que son dernier opus est largement plus intéressant que son CARNAGE ou autre GHOSTWRITER...


Les acteurs sont épatant (Emmanuelle SEIGNER surtout qui oscille avec un naturel incroyable entre la gouaille et le jeu !), AMALRIC en double de Roman est assez hypnotisant, et les rapports parfois drôle, souvent trouble entre l'acteur et le metteur en scène, maître/esclave, dominé/dominant sont jubilatoire, servi par un texte admirable...

V'là du POLANSKI qui me plait !!!

[DJ Xav]

Et bien figurez vous que j'ai enfin vu LA VENUS A LA FOURRURE

+1 avec toi. J'ai beaucoup aimé le film. Je me suis senti rajeunir de 20 ans, à l'époque où j'ai lu le livre de Sacher-Masoch, entre histoire d'O et Histoire de Juliette. On était assez loin des 50 nuances de Grey Hum oui c'est bon





Pas facile de trouver des couvertures "tout public" pour ces chefs-d'œuvre littéraires

Bonne soirée,
Xavier

[iPodz]

Ce matin:

NOCTURAMA de Bertrand BONELLO


NOCTURAMA de Bertrand Bonello, c'est un peu 24h chrono qui aurais croisé la route du FIGHT CLUB de David FINCHER.
Pendant la première moitié du film, on suit un groupe de jeunes à travers Paris, façon puzzle, chaque individu remplissant indépendamment une obscure mission de son coté avant de tous se retrouver et se planquer pour la nuit à la samaritaine.
Cette grande ouverture très réussi, car mystérieuse, nous tient en haleine en partie grâce au principe du "quasi" temps réel (repris à la série télé cité plus haut), avec de régulières incrustation de l'heure à l'écran. De plus, vu le stress et la méfiance des protagonistes, on se dit que leurs agissements sont plus que répréhensible. Tension maximale donc...
Jusqu'à l'accomplissement total, plein de bruit et de fureur, qui met Paris à feu et à sang. On aurait pu les prendre pour des professionnels du posage de bombes tous ces p'tits jeunes, des pros du plastiquage préparant l'ENA, des terroristes en herbe totalement nihilistes.
Mais chez BONELLO, point de revendication sociale, ni politique, ou alors à peine esquissée dans un échange de conseils pour préparer une thèse sur la chute des systèmes. Encore moins religieuse, point de prières ni de dieux, tout juste entend-on parler de paradis malgré les actes irraisonnés que l'on a commis.
Non, ici, on a juste le droit d'observer la génération Y à bout de souffle, à bout de tout, dans une deuxième et dernière partie perdu dans les différents étages du grand magasin après la fermeture des portes. Car, comme dans FIGHT CLUB, tout ceci est possible grâce aux petites mains (vigiles, agent de propreté) sortant les poubelles et servant les repas des gros pontes dirigeants. L'envie de tabula rasa est prégnante.
Sans aucune envie (il est peut être là le problème), la planque se transforme en partie de cache cache dès lors qu'entre en jeu le GIGN. Reste un mot d'ordre, courage fuyons. Même pas bonne à surpasser en intelligence l’âne qui ne veut plus se faire exploser sur les mines en Irak (anecdote croustillante), l’acmé du métrage survient quand un jeune se retrouve face à un mannequin de plastique portant exactement les même fringues de marques que lui, à la couleur près. Etre si jeune avec si peu de personnalité, si convaincu avec si peu de réflexion (tout mouvement terroriste est voué à l'échec), comment croire alors à cette utopie révolutionnaire qui débouche immanquablement sur une magistrale impasse.

[DJ Xav]

Acheté en Blu-ray cet après-midi. J'en salive d'avance

[paullp]

@DJ Xav, hâte de savoir ce que tu en as pensé !

[DJ Xav]

Bonsoir,

Aujourd'hui séance familiale et donc pas encore "love" au programme.

Nous avons regardé Gatsby le magnifique. C'est toujours difficile de regarder le film d'un livre qu'on a aimé. La première partie est dure à passer à l'écran : c'est essentiellement une ambiance qu'il s'agit de retranscrire. Dans le livre les héroïnes sont de grosses feignasses paresseuses et indolentes. On ne retrouve pas cette lourdeur et cette lenteur dans le film et il faut dire que ce ne serait pas très captivant à l'écran. La fête dans la chambre d'hôtel est transformée en scène de débauche et de luxure bien éloignée du livre même si quelques points essentiels sont conservés. Le pire c'est la fête chez Gatsby: un clodo vaguement pianiste qui devient un Beethoven électrisé et la bande son est pire que tout avec un vilain hip-hop qui a au moins 70 ans d'avance.

La deuxième partie est plus fidèle car est portée par une intrigue facile à comprendre. Leonardo du Carpaccio est toujours doué mais ce n'est pas son meilleur film à mon humble avis. En même temps je ne sais pas ce qu'il aurait pu faire mieux...

Au final j'ai trouvé le film trop démonstratif, trop chargé, voire racoleur avec des danseuses très dévêtues en gros plan. Le livre arrive à créer de l'intimité au milieu de la foule, dans le film plus d'intimité, juste une surenchère de folie.

Bonne soirée,
DJ Xav

[DJ Xav]

@DJ Xav, hâte de savoir ce que tu en as pensé !

Bonjour paullp,

J'ai regardé la première heure cette nuit.
Love est un joli film, tendre et délicat. J'aime bien les films lents, qui nous plongent dans une ambiance originale. Ça change des blockbusters survitaminés. Et pourtant on ne s'ennuie pas.

Mention spéciale pour la scène d'introduction

Bonne journée,
DJ Xav

[paullp]

@DJ Xav,

Je comprends très bien ce que tu décris mais je crois qu'il faut définitivement arrêter de chercher l'oeuvre originale dans un film, du moins autant qu'on le peut.
À mon avis, il faut voir les adaptations comme des objets nouveaux.
Le chargé, surréaliste, hyper démonstratif est un choix qui rapproche Gatsby d'un comte de fée à la Walt Disney. Mais effectivement c'était peut être un choix trop facile.

Sinon, avec "Du Carpaccio" ( ), Aviator est super !

À propos de Love, C'est vrai que j'adore l'ambiance graphique ! Et oui la scène d'intro est ouf !