La méthode Reynaud: mesures, écoutes, objectifs marketing?

La retranscription musicale et sonore, technique, acoustique, prise de son, installations, évènements, ...
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Xavier - E&M
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Message non lu 26 déc. 2012, 23:49

(intervention précédemment publiée sur un forum de haute fidélité)


"On peut se réjouir des moyens, mais ne pas perdre de vue le but".
Question:
-théorie politiquement correcte... Il y a fort à parier qu'en réalité, l'objet (le moyen) qui permet d'atteindre le but (la musique?) joue un role plus important : sans lui, pas de solution, c'est normal de lui accorder une petite place, non?

Réponse:
L'objet n'est qu'un moyen, ce n'est pas pour autant bien sur qu'il faille le négliger. Mais ne le considérer que comme moyen permet d'aborder différemment son étude et sa mise en oeuvre.
La marque, la philosophie, l'esthétique (sonore principalement) Reynaud sont un peu les signes extérieurs de cet attachement au résultat.
Quelques constructeurs sont de vrais amoureux de la musique. La technologie, les appareils de mesure ne sont pour eux que des moyens, les caractéristiques et mesures optimisées en sont pour eux pas le but final, mais le moyen le plus efficace pour se rapprocher de leur idéal de retranscription.
A l'opposé, et sans que les appareils soient mauvais pour autant, quelques autres cherchent au contraire les mesures les plus abouties possibles, certains critères les plus poussés, et c'est d'ailleurs un de leurs axes de communication. L'état d'esprit n'est pas le même, il y a en quelque sorte l'école "ingénieurs" et l'école "musicophiles". Il y a aussi l'école "commerciale et industrielle", qui fait des produits qui soient les plus vendables, et qui cherchent plus à répondre aux goûts et besoins d'une clientèle potentielle qu'à se rapprocher au plus près de la musique. C'est bien sur pas cette dernière que nous recherchons en priorité.
Bien sur, la frontière n'est pas strictement définie, et chaque acteur a un peu de chaque école, en proportions variées, et parfois qui évoluent selon les époques, voire les modèles.
Le résultat musical peut parfois chez certains constructeurs supplanter la mesure technique à tel point que j'entends presque avec plaisir certains fabricants rejeter ou tout au moins ne pas s'intéresser à certaines technologies ou composants qui, malgré des valeurs et mesures élevées, restent en deçà de la qualité de rendu obtenu avec des composants moins pointus en caractéristiques nominales. Je pense ainsi à un fabricant d'électronique qui ne cherche pas l'échantillonnage ultime, ou la puce de conversion avec le moins de Jitter mesuré, parce que sur le rendu de la musique, le compte n'y est pas tout à fait à ses oreilles avec les composants "up to date" et à la mode.
Autre exemple: le choix de Jean Claude Reynaud pour le SACD Blucoast de l'enregistrement analogique plutôt que numérique, avant procédure de numérisation, est aussi une illustration de cet état d'esprit. Ce n'est pas un comportement passéiste ou rétrograde, mais une ouverture à l'écoute et au résultat musical qui peut faire parfois prendre des décisions ou des choix contraires à la logique techniciste. Ce choix de technologie analogique n'est pas une philosophie ou basée sur des principes stricts, juste une opportunité liée au problème du moment. Et au fait de considérer en priorité le résultat, et d'adapter les moyens pour y parvenir, plutôt que de rechercher à adapter les plus récentes technologies à un résultat souhaité. Pour d'autres problèmes, des constructeurs innovent, expérimentent, et c'est ce savant mélange sensible de technologies anciennes et parfaitement maîtrisées et de nouvelles mises en oeuvre qui permet d'atteindre les niveaux de rendu actuels.

Pour résumer, il me semble que la philosophie Reynaud (ou la P.E.Leon, Cabasse à l'époque de Georges, ou nombre d'autres), c'est le résultat musical avant tout, à partir de cet amour primaire et primal de la musique, et le respect qu'elle suscite, alors que pour d'autres constructeurs, ce sera la capacité à reproduire certaines caractéristiques et configurations acoustiques et musicales, jusqu'aux limites, créant un objet technologique très abouti, mais sans le bagage ou la sensibilité musicale, et ça se ressent parfois à l'écoute.
Ce qui pour moi peut caractériser les JMR (et d'autres), c'est cette capacité d'effacement des matériels pour nous laisser immédiatement face à la musique.
Et c'est ça qui suscite l'attachement, il est assez facile de partager cette philosophie une fois qu'on y a gouté.
Après, bien sur, les modèles ne sont jamais parfaits; J M Reynaud dit lui même qu'il est loin de l'enceinte ultime. Et c'est ce qui le pousse à toujours chercher plus loin.
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Xavier - E&M
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Message non lu 08 janv. 2013, 20:19

(Article précédemment piblié sur un forum audiophile)

-le nouveau produit est-il meilleur ? C'est subjectif, non ?
Certaines modifications plaisent plus que d'autres et d'autre -moins que les précédentes, question de gout. La réalité n'est pas perçue par tout le monde de la mème façon.



-ne pas confondre "meilleure" (ou au contraire moins bonne) et "plait plus" (ou plait moins)
La qualité n'est pas là question de goûts, mais d'efficacité, de caractéristiques qui vont ou non plus loin sur certains critères, d'équilibres et d'homogénéités plus ou moins bonnes.

La réalité est perçue de manière différente, c'est un fait, mais là on ne parle pas de musique, mais de restitution de musique. Le problème est plus complexe:

La retranscription n'est pas la réalité, mais une image la plus proche possible de cette réalité. Certains critères sont plus ou moins proches, et sont mieux ou moins bien retranscrits selon les conditions. Là, les goûts et la préférence donnée plus à tel ou tel critère interviennent plus.
La réalité de la musique est proposée à tous de la même manière, sa retranscription n'est elle quasiment jamais formulée de la même manière, les préférences pour tel ou tel maillon sont tout à fait légitimes.
La difficulté est de savoir faire la part entre la proximité ou non de la réalité, et de savoir identifier ce niveau de qualité et le distinguer des goûts personnels qui se tournent parfois vers des caractéristiques qui s'éloignent de la réalité.

Tout l'art des fabricants, des testeurs, des journalistes, est de faire évoluer pour les uns, et de savoir évaluer pour les autres, la qualité de la restitution. Les goûts sont sensés ne pas intervenir, sauf pour manifester une préférence pour tel critère, mais pas pour choisir ceux qui éloignent de la réalité.
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Xavier - E&M
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Message non lu 09 janv. 2013, 14:54

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