Le vocabulaire du mélomane

La retranscription musicale et sonore, technique, acoustique, prise de son, installations, évènements, ...
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Nicolas.D
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Message non lu 15 oct. 2012, 21:44

Bonsoir,
Quoi de plus naturel que de partager sur un forum d'échange un compte rendu d'écoute réalisé sur un système de haute fidélité ! Nous apprécions tous cet exercice de style plaisant à lire lorsqu'il est bien rédigé. Or la base d'une rédaction réussie est la précision du vocabulaire utilisé : cela permet aux "forumeurs" de se comprendre et de débattre de manière constructive. L'idée de ce fil collaboratif est donc de constituer un lexique, sorte de "kit linguistique du mélomane", à consommer sans modération. A noter qu'un compte rendu reste et restera une retranscription humaine donc subjective et personnelle : néanmoins il s'agit d'utiliser des termes techniques concrets (timbre, dynamique, scène sonore) mis en perspective avec des qualificatifs appartenant au domaine du ressenti ou de l'émotion (aération, chaleur, rondeur). Voici donc un jet de mots qui me viennent à l'esprit.

Timbre
Dynamique
Scène sonore
Image stéréo
Spatialisation
Saturation
Neutralité
Fidélité
Chaleur
Rondeur
Aération
Coloration
Précision

L'exercice se décompose ainsi :
1. Définir le vocabulaire
2. Définir les catégories (technique / ressenti / Autre ?)
3. Ranger chaque terme dans la bonne catégorie

A vos plumes.
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Xavier - E&M
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Message non lu 15 oct. 2012, 21:53

Bonsoir

Il y a certaines plumes que je me garderai bien de saisir, ne sachant pas où elles ont pu être plantées ...

Pour ces précisions, pour ce vocabulaire, il me semble qu'il faille en effet distinguer des corpus (corpi ?) distincts:
-des termes techniques, se rapportant à des phénomènes et valeurs objectifs, ou objectivables, jusqu'à quantifiables
-des termes techniques non quantifiables, mais sur lesquels il peut y avoir une certaine objectivité, même en l'absence de mesures disponibles, au moins il est possible d'en établir des échelles de valeur selon 2 appareils évalués,
-et des valeurs beaucoup plus subjectives, notamment parce qu'elles découlent d'un assemblage complexe de critères objectifs mesurables, ou de ressentis liés à d'autres phénomènes ou critères de restitution:

-La dynamique est un phénomène quantifiable, mesurable, tout autant qu'un ressenti subjectif (en l'absence de mesures ou données chiffrées),
-les timbres sont évaluables dans leur qualité, mais leur échelle de valeur est subjective.
Beaucoup des termes proposés peuvent paraitre flous ou non définis au néophyte, ils renferment néanmoins des significations que l'on peut préciser, ce qui permet aussi d'augmenter la faculté d'évaluation par les écoutes en prenant connaissance des phénomènes précis à évaluer.
Modifié en dernier par Xavier - E&M le 15 oct. 2012, 22:45, modifié 2 fois.
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Xavier - E&M
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Message non lu 15 oct. 2012, 22:00

Aller, je commence par un terme, pour tenter de le définir:
Le Timbre.
On parle de timbre d'un instrument, de voix. Il est distingué par rapport à celui d'autres instruments, d'autres voix. Qu'est-ce ?
Pour faire simple, dans un premier temps, c'est tout ce qui fait qu'un do (ou tout autre note ou son) joué par un instrument se distingue du do (ou autre note) joué par un autre instrument.
-mais alors c'est pas le même do ?
-normalement si, mais c'est tout ce qu'il y a autour de ce do qui est différent.
Vous allez comprendre:
Un do de piano se distingue du même do de flute, ou de guitare. Et même, des do joués par des guitares différentes, produiront un ensemble de sons différents.
Cette spécificité de chaque ensemble de sons autour d'une note pure de l'instrument (telle que pourrait la jouer un simulateur de fréquence pure) est ce qui caractérise le timbre des instruments.

A suivre: quelles sont donc ces sons autour des notes pures ? de quoi est donc constitué le timbre spécifique des instruments ? et quel intérêt pour le problème qui nous préoccupe ? (notamment définir, évaluer, qualifier le rendu des systèmes et appareils de retranscription)
Nicolas.D
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Message non lu 16 oct. 2012, 13:07

Un son musical est composé d'un ensemble de signaux sinusoïdaux dont les fréquences sont des multiples de la fréquence fondamentale, celle-ci étant considérée comme la fréquence de référence la plus basse du spectre (la3 à 440Hz). L'ensemble de ces fréquences constituent les harmoniques (quand le multiple est un entier) et les partiels (quand le multiple est un décimal). Bien que la fréquence fondamentale soit identique pour un piano ou pour un violon, ce qui fait l'identité d'un timbre, c'est la quantité d'harmoniques, leur amplitude respective et la pondération des unes par rapport aux autres : on parle alors de spectre harmonique. Mais le timbre doit-il se résumer à une décomposition spectrale ? Pas seulement : on parle également d'autres caractéristiques comme les transitoires qui correspondent à des phénomènes acoustiques évolutifs désignant spécifiquement l'attaque et l'extinction d'un son complexe. La durée de ces phénomènes peuvent influencer l'identité du timbre.
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Xavier - E&M
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Message non lu 16 oct. 2012, 14:05

Un instrument se reconnait donc à son (ses) timbre(s).
Les timbres expriment des sons très riches, comportant de nombreuses informations. Leur bonne retranscription est essentielle à la qualité de la musique.

Les musiques sont souvent écrites pour des instruments, ou familles d'instruments, pour plusieurs raisons. Sans hiérarchiser ces raisons, on peut dire que le son pur (les fréquences pures, accessibles depuis peu à l'échelle de l'histoire (ils étaient quasi inaccessibles avant l'électronique, toute note ne pouvant auparavant être générée qu'avec un instrument ou outil ayant de facto un timbre propre), intéressent peu le musicien (sons simplistes).
Le musicien va privilégier tel ou tel instrument pour notamment
-sa tessiture: quelles notes lui sont accessibles ? pas de notes graves pour le triangle ou le flageolet, pas de sons aigus pour la timbale
-sa puissance sonore (les cuivres et percussions pour l'extérieur et les grandes salles, plutôt que la guimbarde, la mandoline ou la harpe)
-ses typologies sonores: attaques, extinctions, résonances, et timbres.
L'orchestre est en fait avant tout un ensemble d'instruments aux timbres très divers, qui va au delà de la nécessité d'exprimer des tessitures larges, ou/et de la puissance sonore.

En quoi le timbre est-il significatif quand on cherche à évaluer la qualité d'un système ou d'un appareil de retranscription ?
Il est significatif dans le sens où la préservation du maximum de caractéristiques des timbres est essentiel à la retranscription. Toute dénaturation, par simplification, écourtement temporel (diminution ou perte de qualtié des extinctions de sons ou de notes) ou fréquentiel (haut ou bas de spectre inaccessible), tout non équilibre, toute coloration de son (faire prévaloir certaines fréquences sur d'autres à la retranscription) va perturber, ou modifier le rendu des timbres.

Comme tout élément à retranscrire, les timbres ne doivent être ni modifiés, ni simplifiés, ni perdre en lisibilité, ni en équilibres spectraux (de fréquences) ni de niveau (niveau sonore respectif de chaque micro élément sonore, qui constitue la dynamique)

Comment évaluer la qualité de timbres (la qualité de retranscription des timbres par un système) ?
Au niveau de l'utilisateur, le moyen efficace à disposition est la comparaison avec des choses sonores repérables au naturel: le son des instruments, leurs timbres.

Pour ce faire, il est nécessaire, et indispensable de recourir aux sons acoustiques (ceux produits par les objets sonores ou musicaux, et non avec un système électroacoustique intermédiaire).
Donc une guitare acoustique, dont on pourra évaluer la ressemblance, la véracité des sons entre ce qui est entendu au travers du système d'écoute à évaluer, et le son naturel des guitares. Et jamais une guitare électrique.
-pourquoi donc ce "racisme" anti électro ?
-ce n'est pas du racisme, mais simplement le fait de considérer qu'une guitare électrique fait entendre le son d'une guitare à la sortie d'un haut parleur: le son n'est déjà plus naturel. En jugeant par des instruments électroacoustiques, on ne sait jamais si on juge le système d'écoute, ou le système électroacoustique enregistré.
Toute évaluation de rendu à l'écoute, sur la notion des timbres notamment (mais pas seulement) est à faire avec des sons et musiques acoustiques.
Il importe évidemment de bien connaitre ces sons, donc de les avoir pratiqués, notamment par la participation à des concerts de musique non amplifiée, ou la proximité régulière de ces instruments acoustiques. L'intérêt supplémentaire est que les sons acoustiques sont globalement bien plus riches en sons, nuances et subtilités que les sons électroacoustiques, ces derniers ne pouvant être qu'en deçà des instruments qu'ils sont sensés amplifier. L'électrification d'une guitare ne lui procurera globalement pas plus de richesse harmonique, ou alors ce sera une modification (effet, coloration, ...), et ce n'est pas ce qu'on cherche ici, bien au contraire, puisqu'on recherche à évaluer la plus grande identité possible avec le modèle original.

Et comment se traduit une éventuelle perte qualitative sur le critère des timbres ?

-en tout premier lieu en ne pouvant obtenir des timbres entendus ce qu'ils sont sensés donner: la nature exacte des instruments entendus, jusqu'à parfois interdire leur reconnaissance ou leur identification.
Exemple: avec certaines enceintes, sur certaines amplifications, il est très difficile sur un enregistrement de petites percussions que j'ai en tête de différencier, d'identifier s'il s'agit de clochettes en métal ou en cristal. Sur des systèmes performants sur la qualité des timbres, on identifie et différencie non seulement s'il s'agit de cristal ou de métal, mais sur les clochettes en métal, on peut parfaitement différencier celles en laiton, de celles en bronze.
Idem, sur un enregistrement de Savall, on peut reconnaitre une flûte en roseau d'une flûte en bambou, ou sur la BO d'Amélie Poulain, on peut identifier un instrument qui, mal retranscrit, passe pour un accordéon, alors que sur des systèmes performants sur les timbres, la sonorité de plastique du son, très "lisible" et reconnaissable, et le son du passage d'air font immanquablement reconnaitre un mélodica (le piano à bouche). C'est toujours un instrument à anche, mais pas vraiment le même ...

Cette écoute des timbres donne par ailleurs énormément de valeurs d'évaluations, assez précises notamment sur la micro-dynamique, la lisibilité, la coloration, la nature des attaques et extinctions de sons et de notes.

Le timbre n'est pas une caractéristique sonore mesurable, c'est une caractéristique sonore qui découle et rassemble de nombreux critères techniques de base (qui sont à l'origine des autres). On ne trouvera jamais une "courbe de timbres".
Modifié en dernier par Xavier - E&M le 16 oct. 2012, 14:36, modifié 7 fois.
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Message non lu 16 oct. 2012, 14:26

En quoi le timbre est-il significatif quand on cherche à évaluer la qualité d'un système ou d'un appareil de retranscription ?

C'est une bonne question. Si j'ai mentionné le mot "timbre" c'est qu'il est souvent employé (peut-être à tort) dans des CRs : on parle souvent de la justesse des timbres dans la retranscription. Est-ce pour indiquer que le spectre sonore de chaque instrument est fidèlement reproduit par un système ?
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Message non lu 16 oct. 2012, 14:39

Pas seulement. Le "timbre" d'un instrument est encore plus que son spectre sonore pris à un instant T: c'est le "contenu" d'une note jouée, qui doit être aussi riche, complet, et non dénaturé que l'original, mais aussi l'attaque de la note (son établissement), son extinction, les modes de fonctionnement à différents régimes, ...
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Message non lu 16 oct. 2012, 15:14

Oups ... j'ai répondu alors que ton argumentation était en cours de déroulement :oops:
Ce que je note finalement c'est l'importance de la culture des timbres comme référentiel (grâce aux concerts acoustiques notamment) : juger la fidélité de retranscription des timbres, c'est avant tout s'assurer qu'ils soient cohérents par rapport à nos connaissances du naturel. Juger les timbres d'instruments connus me parait donc accessible. Par contre l'évaluation de la retranscription des timbres d'une voix me semble plus complexe à mettre en œuvre dans le sens où ces timbres sont propres à un individu : il faut donc au préalable l'avoir écouté à un concert avant de se prononcer sur la retranscription.
sur la BO d'Amélie Poulain, on peut identifier un instrument qui, mal retranscrit, passe pour un accordéon, alors que sur des systèmes performants sur les timbres, la sonorité de plastique du son, très "lisible" et reconnaissable, et le son du passage d'air font immanquablement reconnaitre un mélodica (le piano à bouche). C'est toujours un instrument à anche, mais pas vraiment le même

Il est impératif que je fasse une écoute "live" d'un mélodica afin d'ajouter ses timbres inconnus à ma base de données interne.
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Message non lu 16 oct. 2012, 15:46

Comme mes systèmes proposent une retranscription "relativement" bien timbrée, je peux te le faire entendre 8-)

Avec tes matériels, tu as accès aux timbres spécifiques de cet instrument sur cet enregistrement.

Le mélodica, c'est ça:



c'est assez proche de l'accordéon quand on n'a pas toutes les informations sonores (ou visuelles).
Sur le disque cité (la BO d'Amélie Poulain), on a clairement des micro-informations de timbres qui lèvent tout doute si le système est assez résolvant.
Ici, sur cette vidéo, le son est bien caricaturé, la typologie de timbre du mélodica est bien forte, mais masquez l'image et écoutez, c'est quand même assez proche des sonorités (timbres) de l'accordéon, c'est vraiment la même famille (et le même principe de génération de notes par des anches en métal)
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Message non lu 23 oct. 2012, 00:26

Scène sonore et Image stéréo:
Je prends la liberté de regrouper les 2 termes, et ce n'est bien sur pas par hasard:
Rappel (ou information): le terme "stéréo" désigne un solide, quelque chose en 3 dimensions.

Ce qu'on appelle "scène sonore" est en fait, quand bien abouti, non pas la reconstitution d'une image sonore plaquée comme sur un écran invisible, s'étalant face à l'auditeur, à plat ou en écran courbe, mais bien un espace à 3 dimensions; avec un positionnement spatial potentiellement précis, dans un espace non pas à 2 dimensions (comme un écran), mais bien à 3 dimensions (comme un hologramme, une maquette, un décor réaliste, avec objets et espaces en volume).

Cette construction stéréo (= spatiale à 3 dimensions) n'est envisageable que si elle a été captée et conservée avec cohérence (il est indispensable que ces éléments de cohérence spatiale soient inscrits dans le fichier musical à retranscrire), et que le système de retranscription en propose et établisse une reconstitution elle même cohérente.
Il faut pour celà remplir un certain nombre de conditions, obéir à un certain nombre de règles, respecter certains principes. Par le choix des matériels d'abord, et leur bonne mise en oeuvre ensuite.

à suivre ...
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