Evaluation par l'écoute des matériels de retranscription

La retranscription musicale et sonore, technique, acoustique, prise de son, installations, évènements, ...
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Xavier - E&M
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Message non lu 10 sept. 2013, 15:54

En réponse à une personne sur un forum audiophile, intervenant arguant de l'impossibilité d'évaluer par l'écoute des matériels de retranscription à cause de la variabilité des acoustiques de salles d'écoute, et de la fugacité de la mémoire auditive, empêchant toute utilisation des écoutes pour évaluer qualitativement les appareils:

-Si vous n'arrivez pas à repérer des typologies d'écoutes de matériels différents dans un même local, votre raisonnement ("L'écoute du même matériel, dans des conditions différentes, amène tellement de différences dans les paramètres que cela ne prouve rien, l’acoustique d'une pièce étant le premier paramètre et le plus important") est juste. Mais ne s'applique qu'à vous.
-Si lors des changements de locaux, vous n'arrivez pas à repérer des typologies de restitutions constantes sur certains critères, sur des mêmes matériels, votre raisonnement est juste. Mais ne s'applique qu'à vous.
-les différents matériels ont souvent des typologies de restitution différentes, raison pour laquelle les écoutes sont essentielles pour évaluer la pertinence d'un matériel dans un système donné,
-les différences de rendu liées aux différences d'acoustique de salle d'écoute ne sont pas tout: pas mal de critères de restitution sonore sont indifférents aux acoustiques de salles, et par ailleurs, l'oreille peut prendre en compte l'acoustique de salle pour repérer plus précisément l'effet des sons directs (des enceintes) sur un certain nombre de critères, ce que la mesure aux micros est bien souvent incapable d'opérer, et en tout cas pas aussi facilement et avec une telle immédiateté.

Il n'y a pas que la courbe de réponse en fréquence pour caractériser une restitution (critère que modifie le plus la réponse acoustique d'une salle), et il n'y a pas que pas que la mesure de cette réponse pour caractériser un rendu sonore. Plein d'autres choses essentielles sont accessibles à l'oreille, et avec plus d'expertise (traitement simultané et immédiat de nombreux critères d'évaluation) que ne le pourront jamais les mesures sur certains aspects.

Autre point: la quasi totalité des constructeurs de matériels de retranscription passent un temps fou à faire des évaluations, puis des choix, par des séances d'écoute parfois longues et nombreuses. Et ceci en plus des très nombreuses séances de mesures, ayant elles même suivi pas mal de travaux de calculs. Nous diriez vous que ces écoutes sont elles aussi inopérantes ?
Même les bons preneurs de son ne s'en tiennent pas que à leurs micros et appareils de mesures: ils passent du temps à évaluer à l'oreille, tant les acoustiques de salles, que les résultats de leurs configurations d'enregistrements, avant de commencer les enregistrements.

Vouloir évacuer et éliminer les écoutes comme moyen d'évaluation et d'expertise, c'est refuser à l'oreille tout ce pourquoi la musique peut procurer ce qu'elle procure: distinguer les moindres évènements sonores et musicaux, dont la variété et l'agencement crée la musique, et la fait aussi riche et intense.
Cette faculté d'appréciation par l'écoute, qui est en oeuvre pour la musique, à tout instant, se joue également pour juger de la pertinence de la proposition musicale faite par les appareils d'écoute, et des justesse/fidélité/réalisme/aboutissement poussés des retranscriptions proposées par les systèmes d'écoute.

La possibilité d'écoute de musiques aussi variées dément elle aussi la tarte à la crème de la fugacité de la mémoire auditive, souvent proclamée pour dénier toute possibilité d'évaluation par l'écoute. Non, la mémoire auditive n'est pas fugace. Sur certains critères précis et limités, oui. Mais globalement, non. Toutes les nombreuses pratiques expertes liées à l'audition réfutent cet argument de fugacité de la mémoire auditive. un simple fait:
Sans mémoire auditive, aucune musique n'est possible.
Et la qualité de la musique est directement et intrinsèquement liée à la qualité de la mémoire auditive, à court comme à long terme, du coté musicien comme du coté auditeur.
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