Lio84 a écrit :@rogers
en réponse à ton post d'hier à 16h40 :
Il te suffit d'oublier les critiques de disques et les revues spécialisées pour lesquelles ils travaillent...
Personnellement, je n'ai jamais vraiment apprécié le pianoforte, qu'il soit joué par Andreas Staier (le chouchou des critiques, Diapason en tête) ou un autre, que ce soit en disque ou au concert. Et pour avoir très longtemps traîné mes guetres à la Roque d'Anthéron, je suis arrivé à la conclusion que rien ne vaut un bon Steinway.
Ce sont mes goûts et je respecte infiniment les goûts opposés
Je comprends qu'on veuille " oublier les critiques " , mais moi, je ne veux pas tout à fait les oublier: ils m'ont appris beaucoup de choses depuis ma très très lointaine adolescence , et m' en apprennent encore. Et même , ils m'offrent parfois le plaisir de les ... critiquer ! Ou de jouer à les imiter !
Quant au pianoforte, il m' arrive de l' aimer: ces bronzes et ces cuivres dans le médium, ça peut être fabuleux, avec une bonne machine et un bon pilote. C'est cet aigu qui claque trop souvent comme de petits élastiques...
Mais il est vrai que le Steinway d' Arrau , de Brendel, de Kovacevich sublimement capté par Philips ou EMI, c'est quelque chose...
Celui de Glenn Gould ne me déplaît pas non plus, que je ne trouve pas aussi privé de timbre qu'on le dit parfois: mais c'est peut-être grâce à mon système high end !!! De toute façon, là, l'esprit, les doigts - et même le coeur, dans les grands jours - sont vertigineux. Je suis en train de réécouter ses sonates de Haydn. Tenez, mettez-vous le " Rondo.Presto " de l' Hob. XVI: 48, à fond la caisse. D' aucuns, estimables et distingués musicologues, mélomanes, critiques, diront: " A quoi bon ce record de vitesse ? " . C'est exact, mais moi, je m' en fiche, et là, pour le coup, je les oublie les critiques : ces 3' 22" me mettent en orbite, carrément. Et je suis sûr que là-haut, beaucoup plus haut, le père Haydn se marre: " Ah ça coco, pour du presto, c'est du presto ! ".
Même la casserole ferraillante de Wanda Landowska ne m' indispose pas vraiment. Il est vrai que je ne l' écoute pas tous les jours. On oublie d' ailleurs souvent que cette dame jouait aussi fort bien du piano.
Tout ça pour dire que je ne suis pas difficile, qu' au fond, j' aime à peu près tout, que je finirai même certainement par acheter les disques de Currentzis. Je vais d' ailleurs commander son " Sacre ", qui manque à ma collection, ainsi que celui de François Xavier Roth, parmi les interprètes modernes. Moi qui n' apprécie guère en général M. Philippe Herreweghe, j' ai pourtant sa version de la " Symphonie de psaumes " ( oeuvre pour laquelle un baroqueux à la manoeuvre peut ne pas se trouver trop déplacé ) . Cette version ne figurait pas dans le panel retenu pour " La Tibune des critiques de disques " sur France Musique qui était dimanche dernier 11 décembre consacrée à cette oeuvre, une des plus belles jamais écrite. La question a été soulevée plus haut de la pertinence des choix interprétatifs par rapport à une vérité qui serait, théoriquement , celle de la partition et de ce tout qui l' entoure, contexte, genèse, etc...
Si la question vous intéresse, peu d' émissions du même genre montrent avec autant d' éclat à quel point une même partition peut permettre à des interpétations d' atteindre au sublime par des voies radicalement différentes. Les commentaires y sont de très bonne tenue et, comme toujours, l' écoute en aveugle réserve quelques réjouissantes surprises.
Cordialement,
rogers
PS: la prochaine " Tribune " sur France Musique, dimanche 18, 16h, sera consacrée à la 2ème suite pour violoncelle de J.S. Bach. Avis aux amateurs !