
Merci à vous trois,
vos explications sont claires, suffisamment pour que je saisisse que c'est un sujet... fort compliqué
Au fil de ces messages, je pense avoir appréhendé divers aspects du fonctionnement du phénomène.
A la base , je voulais m'assurer que ce procédé DBS se justifiait d'une certaine pertinence théorique au-delà de l'argumentaire du fabricant.
Dire que le câble a évolué depuis une semaine serait fallacieux, puisque je l'ai écouté tous les jours sans noter de différence flagrante.
Il conserve les caractéristiques que je lui avais identifiées dès la première audition, fort différentes du câble que j'utilisais précédemment depuis des années.
A l'écoute, ces caractéristiques se confirment sur tous les enregistrements, avec un résultat plus ou moins heureux..
Le rendu relève toujours d'une rondeur dans le bas medium, qui pour le symphonique gonfle les instruments tels que violoncelles, cors...
Les textures sont chaudes, plutôt velues. C'est un délice dans le grave des violons par exemple, pulpeux et charnu.
L'aigu monte aux extrêmes, mais un peu déconnecté du haut medium.
Sur de l'orgue baroque, l'effet est cocasse (mais plaisant) sur de simples mélanges 8' + larigot ou sifflet (eg l'anthologie Froberger de Moroney chez Tempéraments, ou le récital Scheidemann de Fr. Flamme chez CPO). Ces tessitures extrêmes brillent d'un éclat très focalisé, tranchant comme le rasoir, qui ressort d'autant sur les bourdons dont l'Audioquest flatte la corpulence.
Le son prend plus de corps quel que soit le registre, et s'inscrit en profondeur dans une perspective tridimensionnelle. L'espace ambiant est large et profond, avec un certain retrait. Les premiers rangs d'orchestre semblent en recul. Quand ça explose, la salle s'emplit mais sans saturation ni confusion des groupes instrumentaux. Sur l'orgue les différents plans sont crédiblement hiérarchisés.
Malgré cette ampleur, la cohésion spatiale n'est pas parfaite. Certains registres apparaissent tubés, et sur de grands ensembles la localisation semble compartimentée par des effets de zonage -certainement une contrepartie d'un équilibre tonal qui privilégie le bas du spectre.
Le principal problème reste cet embonpoint, qui obscurcit la matière musicale, et surtout un manque de transparence : attaques émoussées, prises de souffle (tuyaux, voix, instr. vents...) un peu amuïes, et un manque d'oxygène ; on ne "respire" pas l'air du lieu d'enregistrement, qui apparaît toujours voilé.. Pourtant, ni finesse ni la résolution ne semblent en cause, car les faibles intensités préservent les micro-détails.
Ces qualités/défauts s'entendent par rapport à mon précédent câble.
Dans l'absolu, cet Audioquest tend à enrichir (voire ennoblir) le message musical par sa restitution cossue. De fait, je crois que c'est mon ancien câble qui favorisait (trop ?) le haut du spectre, quitte à flatter l'oreille comme le sucre flatte les palais faciles.
Comparé au son réel, la balance de l''Audioquest reste en définitive neutre et véridique, sans sollicitation artificielle du haut medium & aigu.
Les clavecins que les micros rendent agressifs s'assagissent, le crincrins baroques rayonnent au lieu d'équarrir. De façon générale, les instruments semblent à la fois plus riches en timbres mais désinfectés. La propreté est une haute vertu de ce WATER.
La générosité du grave permet de perfuser des pianos un peu anémiés, ou des enregistrements d'orchestre plats.
Par comparaison, mon précédent Audiotrust me semble maintenant un peu criard et prosaïque (même si en matière d'ouverture et de transparence, ça reste une référence pour moi).
Même si l'Audioquest laisse (encore ? -j'espère que le rodage peut/va l'améliorer) à désirer sur ces critères, il m'a déjà procuré plusieurs grands moments, inouïs dans tout ce que j'ai pu entendre : par exemple les
Enigma Variations dirigées par Sinopoli (DG, je connais le disque depuis plus de 25 ans) ont révélé un incroyable bouquet de parfums ; aussi, l'impact (timbales, les explosions du finale) ne m'avait jamais paru si stimulant. L'intimisme des apartés solistes, le grandiose des tutti : vraiment impérial !
Idem pour les
Danses de Terpsichore (Ph. Pickett, Oiseau Lyre) : la panoplie d'anches Renaissance a là aussi libéré un creuset d'arômes que je n'avais jamais goûtés aussi colorés. Certains instruments malingres (sorduns, courtauds, cervelas...) endossent une densité insoupçonnée. Pourtant, la finesse des luths m'est apparue encore plus précise qu'à l'habitude (on entend les cordes mais on imagine aussi le bois de la caisse). Les tambours, la grosse caisse claquent bien. Et les passages chargés restent aussi lisibles que grisants -j'ai redécouvert cet album que là encore je connais depuis des lustres.
Autre
Si l'Audioquest ne se bonifie pas, je devrai me contenter de ces qualités qui sont déjà très précieuses.
De toute façon, je me demande si le câble parfait qui optimise tous les paramètres peut exister.
Le gain en transparence que j'espère s'effectuerait peut-être au détriment de l'incarnation et du chatoiement.
On a certainement déjà dû aborder la question sur ce Forum, mais pour mémoire, selon vous quelle est la durée de rodage habituelle d'un câble ?
