il m'a été donné, ce samedi dernier, d'assister à la présentation des dernières-nées de chez JMR, les colonnes Auralis, sur invitation d'un revendeur bien connu de la ville aux trois fleuves (R..., S... et Beaujolais, pour ceux qui connaissent).
Ne tournons pas autour du pot : au tarif de 18 000 € la paire, j'y allais sans aucune intention d'achat, ni même avec la prétention de les comparer avec un autre modèle de la même gamme, pour la bonne et simple raison que je n'ai jamais écouté d'enceintes de cette gamme - je possède les Lunna, qui me donnent pleinement satisfaction mais sont bien loin de ces Auralis, qui en imposent. Je partais donc à la découverte de ces enceintes pour mon plaisir, et pour laisser libre cours, en toute objectivité, à mes impressions.
Ces enceintes, qui étaient dans une version quasi-commercialisable, ont été présentées par Jean-Claude Reynaud comme le vaisseau amiral de la marque, ce que confirme d'emblée leur design, qui rompt avec les lignes traditionnellement épurées que l'on connaît depuis plusieurs décennies.
Alimentées par le trio pré-ampli et double bloc mono de la série Helikon de chez Heed, les enceintes délivrent, à travers une composition de Lalo Schiffrin, ou en tout cas quelque chose qui y ressemblait furieusement, une scène sonore ample, d'une précision et d'un naturel presque déconcertants. S'ensuit une interprétation des feuilles mortes, par Yves Montand, dont la chaleur et le timbre de la voix sont restitués avec une émouvante simplicité, qui nous ferait presque oublier que nous avons affaire à un ensemble électronique.
Puis, au fil des écoutes, Jean-Claude Reynaud, à la manœuvre, pousse petit à petit ses créations à exprimer tout leur potentiel. Le timbre des voix, tour à tour, d'Ella Fitzgerald et de Duke Ellington, se succèdent et se répondent dans un ensemble où tout est à sa place, maîtrisé, sans aucun effort apparent. Point d'orgue - si je suis dire - avec la trompette du Duke, aigüe mais jamais stridente, sans cette acidité qu'aurait forcément laissé passer un système plus commun. Je n'ai perçu aucune signe indiquant qu'elles pouvaient être en difficulté : elles délivraient leur message musical le plus naturellement du monde.
Même chose pour les graves, dont la tenue est absolument admirable, que ce soit sur de la musique électronique avec ses coups de basse répétitifs et puissants, ou une version live de Comfortably Numb, dont l'orchestration toute en tonnerre grondant, chœurs explosifs et sifflements stridents fait une démonstration éclatante de ce dont sont capables les enceintes poussées dans leurs retranchements (et aussi de la modestie légendaire de Roger Waters, mais c'est une autre histoire
Je n'ai pas le souvenir de tout ce que leur concepteur a infligé à ces créations au cours de cette petite heure, mais toujours est-il que celles-ci se sont comportées, de l'avis général des auditeurs, comme des réalisations hors pair, capables de restituer absolument n'importe quel univers musical, aussi complexe soit-il. En cela, elles sont absolument fidèles à la philosophie de la marque, qui veut que les enceintes doivent produire de la musique, et rien que de la musique.
Bref, ce fut un moment très plaisant, largement facilité par un Jean-Claude Reynaud passionné mais très accessible, venu certes pour présenter ce qui sera un nouveau produit de sa création, mais avant tout enclin à partager ce qui est bel et bien pour lui une passion.
Pour ceux d'entre vous qui envisagez de migrer vers des enceintes, nantis d'un budget confortable de 18 000€, ces Auralis sont une option plus que sérieuse.

