
Alerté par sa mère, Jennifer Fox (impeccable Laura Dern) se replonge dans une rédaction qu'elle a écrite durant sa scolarité lorsqu'elle avait 13 ans... elle y décrit une relation inhabituelle qu'elle aurait entretenu avec un coach sportif bien plus âgé qu'elle.
Autant le dire tout de suite, THE TALE est un petit bijou de cinéma introspectif sur un sujet hautement d'actualité (le viol), éclairant magistralement des cas comme l'affaire Matzneff ou encore celui d’Adèle Haenel/Christophe Ruggia.
Rarement sur grand écran, on aura vu autant de justesse, autant de complexité, de retenue, de sensibilité et d'honnêteté pour décrire et essayer de comprendre la situation d'emprise mentale que déploient les pédophiles auprès d'adolescents malléable et impressionnable à souhait.
Au delà d'une finesse d'écriture sidérante, THE TALE est un tour de force d'une inventivité niveau mise en scène qui laisse rêveur, notamment quand elle se permet d'abattre le quatrième mur (celui qui sépare le spectateur de l'acteur) lors de séquences improbables où la Jennifer adulte questionne celle qu'elle était à 13 ans. Ou encore lors de ces connexions/transitions magique entre présent/passé au fil de voix off s’entremêlant dans des fondus enchainés d'une évidence confondante.
Quand on sait que THE TALE est réalisé par... la vraie Jennifer Fox, jouée donc par Dern à 48 ans et par l'incroyable Isabelle Nélisse à 13 ans, le film se voit tout d'un coup comme une collection de poupées russe, matriochkas qu'on ouvre pour en découvrir d'autres, et se découvrir toujours plus petite et plus vulnérable, ou comme un oignon qu'on épluche, et plus on l'épluche, plus on pleure.
