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07 avr. 2017, 17:26
Bonjour à tous,
Je me suis amusé hier soir à une expérience que je repousse depuis pas mal de temps : c'est que , depuis que je fais l' éloge ici et là du Fx audio 802, je ne fais peut-être qu' écrire des bêtises, vivant sur le souvenir de comparaisons déjà anciennes, que j' ai peut-être idéalisées à force de les raconter.
Alors, " revenons aux fondamentaux " , quitte ensuite, peut- être , s'il le faut , à chanter la palinodie (c'est-à-dire, en langage commun, dire le contraire de ce qu'on a pu avancer jusque là - un palindrome , fondé sur la même étymologie , étant d' ailleurs un mot qu'on peut lire aussi bien à l' envers qu' à l' endroit ! ).
J' ai donc ressorti un petit intégré Rotel acheté une cinquantaine d' euros il y a bien des années chez un soldeur, pour un second système. Un de ces petits intégrés, peu puissants, mais qui, à l'instar du fameux Nad 3020, avait la réputation d'une " musicalité " sans commune mesure avec leurs taille, puissance, prix. Petit appareil qui avait déjà fait un peu peur , à l' époque où je l' avais acheté, à l' ensemble Gryphon ( équivalent du " Tabu" en éléments séparés ) que j'utilisais alors dans le système principal ( notons qu' avec un " vintage " Scott A 436 un de mes amis a pu de son côté, il n'y a pas si longtemps , regarder d'un air suspicieux son Graaf GM50 * , qui, du haut de ses 5000 euros, ne l' avait emporté que d'un cheveu sur le vieil américain !).
Les conditions de la comparaison entre le petit FDA et le petit intégré étaient donc hier soir les suivantes :
lecteur CD Marantz 6000 OSE Ki " signature " en coaxial sur 802, sur Ditton 66. Puis, même lecteur en analogique sur Rotel RA 810 A ( 2 x20 W , 1988 sauf erreur ) sur les mêmes Ditton 66.
J' ai commencé l' écoute par la 2ème configuration, connaissant très bien la première. Ainsi, d' emblée , les 2 X 20 W du Rotel paraissent largement suffisants pour les Ditton, de " bons" watts, semble-t-il . Sur ce plan, les 2X50 w du 802 n' apportent rien. Sentiment immédiat de " chaleur ", de " coffre " dans le grave, mais dans le même temps, de " dark side ", bien que les détails ( pas toujours les mêmes qu'avec le 802, différents amplis offrant toujours différents bouquets de détails, auxquels on peut être plus ou moins sensible ! ) ne manquent pas. Je me sens en même temps bel et bien victime d'un effet psycho-acoustique : je crois entendre le volume physique visuel de l' appareil, qui, bien que " standard ", doit bien être une dizaine de fois, pour le moins ( en finition noire ) , celui du 802. Je crois donc entendre comme je vois : gros et sombre. Mais à l' aveugle, je pense que j' aurais la même impression de puissance supérieure à celle du FDA. Cependant, les timbres paraissent un peu approximatifs, avec des couleurs , des accents parfois d'une certaine laideur, ou bizarrerie, notamment sur le saxo et le piano **. Le piano, un des instruments que j' écoute le plus. Jusqu'à ces marques d' insuffisance relative pour le saxo et un peu rédhibitoire tout de même pour la restitution du piano je me disais: " Bien la peine d' avoir fait tout ce plat avec les FDA ! Voilà un petit intégré à deux balles avec lequel je pourrais très bien vivre qui pousse même très bien les réputées lourdingues Ditton 66. Est-ce que je raconte ça sur les forum ? Est-ce que je remets les FDA à leur place ? Bah, pas la peine : 90 % des audiophiles se fichent pas mal des FDA, ne veulent même pas en entendre parler. Laissons tomber. " A ce stade, avant ce piano un peu vilain , j' envisageais même de remettre le Rotel dans le système principal, réservant le FDA pour une autre pièce, en dépit des inconvénients de ce choix: nombre d' entrées limité (pas d'optique, pas d' USB, et, de surcroît pas de télécommande ! Sans compter le bouton de la balance - pratique - mais qui crachouille pas mal ) .
Puis, retour à la configuration 802. D' emblée, impression inverse : perte de poids, d' étoffe, de " chaleur ", même en égalisant le niveau sonore . Je comprends qu'un tel contraste puisse disqualifier irrémédiablement aux oreilles de certains le petit chinois. Mais dans le même temps, quel surcroît de finesse, de lisibilité ! Comme le Rotel apparaît grossier dans sa générosité ! Comme tous les contours instrumentaux semblent " baver ". Je retrouve , avec le 802, la micro-dynamique, ou dynamique fine, toutes les nuances de frappe sur la caisse claire, que le Rotel grossissait et portait au premier plan en l' enveloppant uniformément. Et, sur le piano, quelle différence de classe ! Sur un des choeurs - mal enregistrés, toutes les masses doublées d'un halo grinçant, haché et chuintant dans le haut médium - de la " Passion selon St Mathieu " de Bach ( Klemperer, EMI ) *** un trait de trompette passe quasiment inaperçu avec le Rotel, quand il est clairement révélé avec le 802. En somme , globalement, un peu la même impression qu' en passant d' enceintes traditionnelles à un système électrostatique.
On trouvera assez naturel peut-être que le 802 puisse l' emporter en définitive sur un appareil aussi modeste que ce petit Rotel quasi " vintage ". Attention cependant, par comparaison avec un autre intégré un peu plus tardif que je possède également, un Luxman L 111 A - appareil pourtant prisé sur certains forums - le petit Rotel est un monument de musicalité ! Le Luxman est d'une raideur, d'une brutalité, d'un clinquant insupportables. J' ai quelque part dans ma famille un Nad 3020. Je le mettrai également un jour en concurrence avec le 802.
Outre les avantages pratiques, le FX Audio 802 restera donc le coeur de mon système principal. On peut sans doute commencer à le concurrencer à relativement faible coût comme le montre la comparaison que je viens d' évoquer, de même qu'il peut concurrencer des appareils bien plus coûteux et ambitieux, comme j'ai pu en faire également l'expérience. Ce qui signifie, en somme - c'est en tout cas la conclusion à laquelle je suis parvenu après tant d' années - que les écarts de restitution entre amplis d'une qualité répondant aux critères minimums de musicalité ( timbres, souplesse, dynamique, lisibilité ) ne sont pas si importants. Souvenons-nous du Quad 405: pas très coûteux et cependant idéal pour " driver " les panneaux de la marque , que beaucoup considèrent appartenir à ce qui s'est fait de mieux en matière d' " enceintes ". J' ai moi-même utilisé un temps cet ampli que j'ai revendu à l' époque alors que je n' avais rien de particulier à lui reprocher, en dehors , précisément, de son prix : ce " fil droit avec du gain " était considéré par les "grands audiophiles " avec une condescendance qui avait fini par me contaminer.
Cordialement,
rogers
* Graaf GM50 revendu depuis, et remplacé par le 802
** " Double Rainbow ", Joe Henderson ( Verve )
*** Une version à l' ancienne ( 1962 ) , mais d'une puissance et d'une ferveur magnifiques