THE KILLER de
David Fincher.
Sous ses airs placides et calibré, le dernier Fincher est bien plus qu'un petit thriller, va bien au delà de la petite série B.
Comme pouvait l’être à leurs époques Fight Club ou Panic Room, The Killer est un film expérimental anti-spectaculaire par essence (hormis la séquence bourre-pif inhabituelle chez Fincher mais très réussi).
Il nous montre, mais surtout nous fait pénétrer dans la psyché d'un tueur à gages, à coups de mantras et de pensées sur sa condition de vie: "suivre le plan, anticiper, ne pas improviser, mener que le combat pour lequel tu es payé, oublier l'empathie..."
Avec sa voix off, Il nous fait croire qu'il est à part, hors de la multitude dit-il, régit par son propre code de la route et son rythme de vie limite hygiéniste.
Jusqu'au jour où tout dérape, ce contrat manqué à Paris qui va le faire revoir petit à petit sa copie tout en sillonnant le monde afin de nettoyer cette fois ci leur erreur qui leur sera fatal évidemment, mais l’intérêt est ailleurs...
Inutile de revenir sur la maitrise absolue de Fincher dans sa gestion de la narration, de ses cadres, sa direction d'acteur (welcome back Mr Fassbender !), l'expérimentation numérique intra-image. Ce qui est intéressant ici c'est déjà sa mise à niveau du tueur multi-identités, qui utilise les outils du capitalisme pour mieux le pervertir (oublié The Creator et ses passages de sécu pas crédible), mais le top c'est cette réflexion sur lui-même, David Fincher/The Killer.
Faut-il être dans la marge pour exister vraiment, pour créer des choses personnelles, se mentir à soi-même pour rester dans l'illusion d’indépendance ou faut-il obligatoirement trouver un compromis pour survivre dans ce monde 3.0 ? Tout le parcours du Killer ainsi que l'évolution de sa situation dans son propre monde (l'insécurité humaine) est le reflet direct d'une immense carrière artistique pas toujours en corrélation avec le box-office.
C'est tout l’intérêt et la puissance de cette vendetta à l'élégance mortelle.
