iPodz a écrit :Ce matin:
NOCTURAMA de Bertrand BONELLO

NOCTURAMA de Bertrand Bonello, c'est un peu 24h chrono qui aurais croisé la route du FIGHT CLUB de David FINCHER.
Pendant la première moitié du film, on suit un groupe de jeunes à travers Paris, façon puzzle, chaque individu remplissant indépendamment une obscure mission de son coté avant de tous se retrouver et se planquer pour la nuit à la samaritaine.
Cette grande ouverture très réussi, car mystérieuse, nous tient en haleine en partie grâce au principe du "quasi" temps réel (repris à la série télé cité plus haut), avec de régulières incrustation de l'heure à l'écran. De plus, vu le stress et la méfiance des protagonistes, on se dit que leurs agissements sont plus que répréhensible. Tension maximale donc...
Jusqu'à l'accomplissement total, plein de bruit et de fureur, qui met Paris à feu et à sang. On aurait pu les prendre pour des professionnels du posage de bombes tous ces p'tits jeunes, des pros du plastiquage préparant l'ENA, des terroristes en herbe totalement nihilistes.
Mais chez BONELLO, point de revendication sociale, ni politique, ou alors à peine esquissée dans un échange de conseils pour préparer une thèse sur la chute des systèmes. Encore moins religieuse, point de prières ni de dieux, tout juste entend-on parler de paradis malgré les actes irraisonnés que l'on a commis.
Non, ici, on a juste le droit d'observer la génération Y à bout de souffle, à bout de tout, dans une deuxième et dernière partie perdu dans les différents étages du grand magasin après la fermeture des portes. Car, comme dans FIGHT CLUB, tout ceci est possible grâce aux petites mains (vigiles, agent de propreté) sortant les poubelles et servant les repas des gros pontes dirigeants. L'envie de tabula rasa est prégnante.
Sans aucune envie (il est peut être là le problème), la planque se transforme en partie de cache cache dès lors qu'entre en jeu le GIGN. Reste un mot d'ordre, courage fuyons. Même pas bonne à surpasser en intelligence l’âne qui ne veut plus se faire exploser sur les mines en Irak (anecdote croustillante), l’acmé du métrage survient quand un jeune se retrouve face à un mannequin de plastique portant exactement les même fringues de marques que lui, à la couleur près. Etre si jeune avec si peu de personnalité, si convaincu avec si peu de réflexion (tout mouvement terroriste est voué à l'échec), comment croire alors à cette utopie révolutionnaire qui débouche immanquablement sur une magistrale impasse.
