Ce matin...
PETIT PAYSAN d'Hubert CHARUEL.
Bien loin des problématiques sur le bien être animale ou les revendications de L214 en général, aux antipodes des soucis générés par la PAC européenne (encore que), PETIT PAYSAN d'Hubert Charuel (enfant de la balle agricole) questionne plutôt les liens qui nous attache à notre métier, jusqu'où sommes nous prêt à aller pour garder notre gagne pain.
Pierre (Swann Arlaud impeccable) est seul à la tête d'une petite exploitation de vaches laitières. Tout roule jusqu'au jour ou une de ses ruminantes est atteinte par la FHD (fièvre hémorragique contagieuse)... pour sauver le reste du troupeau, il décide de passer outre les autorités vétérinaires, accessoirement représentées par sa caution morale de sœur (excellente Sara Giraudeau), et de brûler puis d'enterrer le bovidé infecté.
La complexité du métrage repose sur deux thématique contradictoire, l'amour des bêtes et leurs exploitation. Toute la puissance de la séquence de la mise à mort à la masse se trouve là dedans. Comment rester humain, rationnel, compréhensif quand on tire son revenu d'animaux dont on abuse ? Pourquoi se plier à la loi de la nature (maladie, épidémie) alors qu'on peut simplement jeter la malade ? Mieux, en voler une chez le voisin juste en changeant le numéro de "Marguerite" via sa bague d'oreille (je ne suis pas un numéro, je suis une vache libre).
En voyant cette fausse empathie, j'ai repensé à LA PROMESSE des frères Dardenne, où Olivier Gourmet se débarrassait tout aussi facilement d'un travailleur émigré mort sur son chantier. Jiminy Criquet étant joué ici par Jérémie Renier incarnant son fils...
Sauvegarde de soi, protection de l’intérêt général, égoïsme Vs Philanthropie, PETIT PAYSAN creuse le sillon qui fait notre société moderne, tiraillée entre Humanité et profits.
Un film à l'effet bœuf !!!
