MARY QUEEN OF SCOTS de Josie Rourke.
De retour de France, après la mort de son royal mari François II, la catholique Marie Stuart (vespérale Saoirse Ronan) retrouve sa terre écossaise ainsi que sa couronne. Mais c'est sans compter sur sa cousine Elizabeth I (Margot Robbie hiératique), reine d'un royaume au protestantisme intransigeant...
Premier film d'une jeune femme de théâtre à la déjà longue carrière en tant que metteuse en scène, Josie Rourke ne pouvait pas mieux choisir que cette histoire de lutte de pouvoir entre femmes toutes puissantes pour illustrer l'état du féminisme aujourd'hui et accessoirement de la situation du politique de nos jours.
En orchestrant ce ballet de cours fait que de manigances, de complots et de trahisons, au nez et à la barbe de nos deux régentes, MARY QUEEN OF SCOTS démontre avec maestria la vacuité de nos dirigeants actuels, brassant beaucoup d'air, dégainant la petit phrase assassine mais largement dépassés par des forces travaillant dans l'ombre des coursives (favoris/lobbyiste) ou bien entravés par le flot d'une histoire avec un grand H qui emporte tout sur son passage.
Épousant la rudesse des sentiments, la désolation des magnifiques paysages écossais grâce à une mise en scène aussi simple que quasi classique, la photographie et la splendeur des costumes font aisément le reste. La réalisatrice installe avec un sens du suspense et du décalage consommé une rencontre qui ne semble jamais venir, confrontation de deux monstres régnants tout le temps repoussée à l'image du face à face Pacino/De Niro tant fantasmé depuis le PARRAIN, montagne qui accouchera d'une souris dans HEAT.
Faces d'une même pièce, Mary et Elizabeth ne sont que de tristes poupées broyées par les forces machistes les submergeant de mensonges et de contres vérités. Autant l'une est féminine, conciliante et catholique que l'autre n'est que raideur, masculinité et protestante. L'une enfante un héritier, l'autre pense déjà en homme. Deux brebis dans une meute de loups, voilà ce que nous donne à voir Josie Rourke, et quand vient la fin du film, l'on n'est pas très fière d'appartenir à la gente masculine.
