Alors... mon weekend ciné, c'est:
TRIPLE 9 de John HILLCOAT

Qu'est ce qui différencie un bon polar d'une production mainstream ?
C'est pas que TRIPLE 9 soit mauvais, au contraire. Le nouveau film de John Hillcoat est plutôt maîtrisé avec un montage acéré et une narration coup de poing. Mais ça pêche à plusieurs niveaux et ce malgré un casting poids lourd...
L'effet SE7EN dès le générique, musique rock/indus sur lettrages caviardés, déjà vu, merci. Les personnages qui frôlent la caricature comme Woody Harrelson en petit BAD LIEUTNANT pas très crédible et un Casey Affleck qui frise souvent la débilité légère, tellement son rôle est à coté de plaque tout au long de l’enquête...
Reste un gang de flic ripoux bien carré et une Kate Winslet méconnaissable et impressionnante en matriarche impitoyable à la tête d'un cartel russo-juif.
Finalement, c'est peut être en ayant de vrai parti pris filmique et/ou en soignant un peu plus ses personnages, plutôt que de rejouer certaines partitions, que le renouveau du polar arrivera dans les salles obscures.
N'est pas Michael Mann qui veut...
10 CLOVERFIELD LANE de Dan TRASHTENBERG

Y parait que 10 CLOVERFIELD LANE de Dan Trashtenberg est la suite du CLOVERFIELD de Matt Reeves. Dans le même temps, on nous dit que... pas vraiment, voir qu'il en est assez éloigné. Alors, comme le demanderait Blow Up d'Arte, qu'est ce que c'est 10 CLOVERFIELD LANE ?
C'est un film malin assurément doublée d'une écriture diablement efficace. Un film de monstres sous toutes leurs formes. Un film sur la croyance de la parole, sur la foi en ce que nous dit l'autre.
Apres le MIDNIGHT SPECIAL de Jeff Nichols, ça fait beaucoup en si peu de temps me direz vous. Et je vous répondrais que non, car ici on y croit (amen !). Contrairement à ce que nous montre Nichols, c'est à dire une absence totale d’empathie, de passion et de pleurs pour la fin inéluctable de ce pauvre garçon rayonnant, ici le métrage transpire la trouille, l'angoisse et les larmes coulent enfin.
Que croire, quand après un accident de la route, on se réveille attaché dans l'abris anti atomique d'un fermier (flippant John Goodman) profondément survivaliste ? Qui croire quand un jeune péquenot du coin (John Gallagher Jr. impeccable) vous avoue être entré ici délibérément ? Que faire quand vous (Mary Elisabeth Winstead parfaite girl next door) sentez que tout les "beaux" discours s’effondre un à un comme des châteaux de cartes ?
Là est la réussite du film. Réussir à vous emmener dans un véritable labyrinthe émotionnel, un huit clos claustro où, à l'instar des protagonistes, on a le sentiment de devenir fou. Véritable film cerveau, où les conduits d’aération sont les méandres d'une matière grise débouchant immanquablement sur de pur visions de cauchemar !
Fantastique, en mode E.T. je veux dire, dans sa dernière bobine, le métrage retourne dans les clous, respecte les conventions du genre, mais toujours de manière assez efficace, avec une élégance et un savoir faire rappelant même le meilleur de Spielberg (LA GUERRE DES MONDES).
Il se permet même un final totalement ouvert, qui appelle certes une suite, mais dont on se fout totalement, vu le peu de lien (sonore essentiellement) qui rattache 10 à CLOVERFIELD premier du nom. et c'est bien là la marque des grandes œuvres cinématographique fantastique, ne pas trop en raconter, ne pas trop en montrer, pour laisser l'imaginaire des spectateurs faire le reste.
C'est aussi cette absence de retenue qui est la cause des plus beaux ratages de ces dernières années...
Au fait, pour tout les amoureux de polar, jetez vous sur l'édition remasterisée 4K de THE YEAR OF THE DRAGON par Carlotta, c'est une pure tuerie !!!
Jamais je n'avais vu le film avec une si belle copie, c'est tout simplement remarquable...
@+