Le 7 juin dernier, nous avons, avec quelques amis, assisté au dernier concert de la saison de la formation La Chambre d'Amis, concert que nous vous avons préalablement proposé ici. Suggestion qui a trouvé écho: nous avons finalement constitué un groupe de 16 personnes pour assister à ce concert.
(voir page d'annonce du concert)
J'ai eu le plaisir (et le privilège) de goûter à la fin des répétitions d'avant concert, pour les mises au point finales. Mise en place des micros de captation, réglages de balance, en même temps que des mises au point musicales, entre musiciens, sur le programme présenté ce soir.
En voici quelques moments choisis, volés, pour vous faire toucher en partie ces moments intéressants, intenses, importants, riches d'instantanés de beaux sons et de beaux moments: c'est la mise au point finale, pour le bon déroulement d'un édifice commun, où l'accord entre les pupitres compte autant que le travail individuel autour de chaque instrument. Il faut achever de définir les nuances, rythmes, tempi, nuances, caractères, pour donner une cohérence, de la sensibilité, de la puissance de signification aux oeuvres présentées. C'est un travail de groupe, commun, mais avec des idées fortes qui peuvent être insufflées par tel ou tel musicien.
Avec la Chambre d'Amis, l'intérêt est qu'il n'y a pas de craintes de luttes de pouvoir, d'influence ou d'égo entre les musiciens. Il y a la formation, et les invités, auxquels il est laissé une vraie place d'invités, pour le plaisir de partager de beaux moments musicaux. Les musiciens ne sont pas ici par contrat, mais parce que l'aventure les intéresse, musicalement, et par complicité et plaisir de partager des musiques avec d'autres musiciens connus et appréciés. Une vraie aventure de musique de chambre, initialement musique d'essence familiale et amicale, avec pour nous l'avantage de la volonté de partage de ces rencontres avec le public, intégré au projet.
Voyons un peu comment se déroulent quelques moments de ces répétitions.
Il y a les musiciens de base de la formation La Chambre d'Amis, Sébastien Surel et Paul Radais, et il y a, comme à chaque concert, des invités:
Ce soir, le violoniste Pierre Fouchenneret, qui a déjà participé à plusieurs reprises aux concerts de la Chambre d'Amis;
Christine Jaboulay, altiste, elle aussi invitée régulière de la formation
Le violoncelliste Roland Pidoux (ici en mode attente, les autres pupitres sont occupés à leur cuisine), membre d'honneur de la formation, qui vient régulièrement apporter sa patte aux soirées de la Chambre d'Amis, qu'il suit depuis les origines de l'aventure
Paul Radais, altiste, membre fondateur;
et une autres invitée, que nous verrons par la suite.
Pour le moment, c'est la répétition de la dernière pièce du programme, ainsi que les derniers réglages de balance. On s'installe tranquillement
On attaque gaillardement, en écoutant les indications proposées par Pierre Fouchenneret, 1° violon pour cette pièce (le quintette à cordes n° 2 de Mendelssohn)
Suspension, on attend les autres, ou on réfléchit à l'intention d'un mouvement
Roland Pidoux et son bel instrument
On en profite pour accorder les violons (enfin ... ) -sous les projecteurs, ça chauffe un peu
Les répétitions, c'est du sérieux. Il y a des enjeux, du stress d'avant concert ...
Sébastien Surel, 2° violon pour cette pièce
La tension est palpable, les regards sont graves ...
C'est l'avantage double de ces concerts: des musiciens de premier plan, tout à fait à l'aise dans leur technique et leur connaissance du programme, mais aussi le plaisir de jouer entre amis, des musiciens avec lesquels de nombreuses heures de concert ont été partagées. Les uns et les autres se connaissent bien, la communication est rapide et très efficace. Professionnalisme, et plaisir des rencontres.
Pierre Fouchenneret est à la barre pour la 3° pièce du programme. Quelques indications sur certains passages (tempo, "allant"), philosophie du jeu. quelques notes, les autres pupitres suivent, une petite précision verbale, et tout s'enchaîne pour quelques portées, histoire de bien imprimer le caractère à transmettre sur certains passages
Les indications sont claires, pas de craintes Une fois les choses calées, les musiciens peuvent se consacrer à l'expressivité de leur pupitre Avec toujours un oeil sur le 1° violon: c'est lui qui donne le ton général, il faut rester en cohérence de rendu avec l'oeuvre et le travail du quintette
Durant les répétitions, on se permet quelques saillies musicales ou verbales, histoire de garder la concentration et le contact de sensibilité
Quelques petites précisions, suggestions, parfois avec simple communication visuelle pour juger de l'effet, de l'assentiment, des propositions
Le violoncelle de Roland Pidoux a une sonorité particulière (sous ses doigts), un vrai corps de timbres pleins, riches
Pierre Fourchenneret a lui aussi une grande expressivité bien à lui, un vrai engagement physique et psychologique dans la dramaturgie des oeuvres interprétées
Guy Perier a une tache plutôt simplifiée ce soir. Il ne présentera et décryptera que le Lacrymae de Brittten, pour alto et harpe. Mais fidèle à lui même, avec des propos tout à fait éclairants, quasi indispensables pour cette oeuvre contemporaine qui joue avec des citations de John Dowland (XVII° siècle). Un vrai exercice musical entre 2 mondes, 2 époques, qui mérite ces aides, ces appuis, pour ne pas risquer de sombrer dans cette oeuvre aux structures inhabituelles, et du coup particulièrement intéressantes;
Répétition et préparatifs achevés, le concert débute.
Exceptionnellement, et assez surprennamment (!), contrairement à l'habitude de cette formation, pas de présentation préalable par Guy Perier. On attaque direct par le Quartett-Satz de Schubert.
Juste derrière les répétitions de la pièce de Mendelssohn, comportant des morceaux de grande force et puissance, la douceur de la composition surprend.
Bon, d'accord, là c'est en quintet: je ne crois pas avoir pris de photos durant la 1° pièce, alors j'improvise ...
Suit ensuite le lacrymae de Britten. Intervention préalable de Guy Perier. Et apparition d'Audrey Perrin, avec son impressionnante harpe
La console. Elle renferme les mécanismes de renvoi des pédales vers la colonne.A la vue de ces ciselures et travaux de métaux, je me souviens que la mécanique de ces harpe a été mise au point par Beaumarchais (l'horloger, ambassadeur, investisseur et financier, et un peu espion). C'est à lui que l'on doit le renvoi des pédales, par des tiges montant dans le fût rectiligne, puis par des jeux de coudes, permettant d'actionner les fourchettes basculantes modifiant les hauteurs des notes par ensembles de même tonalité;
Audrey Perrin, magistrale. Jeu délicat, rythme, perfection du dialogue avec l'alto; une très belle pièce, un régal sonore, même si demandant un peu d'adaptation et une ouverture à la découverte pour les peu familiers du vocabulaire contemporain.
Lacrymae, en duo Alto-Harpe est une oeuvre intéressante. Difficile d'accès en disque sans préparation/formation préalable, les quelques indications données par Guy Perier et l'écoute en musique vivante de ce soir donnent une tension à l'oeuvre, dont les jeux contrastants de dissonances et de mélodies anciennes de John Dowland créent un intérêt, une dynamique. Pour aborder ce type d'oeuvre, ces concerts sont la meilleure des choses.
Les contrastes, mélodies, accords, rythmes, intensités, dynamiques, les tensions de la composition sont bien palpables sur ces beaux instruments joués avec sensibilité.
Pidoux's cello on piano.
Un ami présent me signale l'angle de vue, je profite d'un intermède pour capturer l'image sans trop déranger
On attaque le quintette à cordes de Mendelssohn; Pierre Fouchenneret est un jeune musicien, qui vit ses interprétations musicales de corps et d'esprit. Il présente l'oeuvre lui même ce soir, les raison de son choix de programmation, et en mène l'interprétation de son pupitre. Rien à regretter: le propos musical est vif, très expressif, d'un romantisme parfois que, juste de crainte de pléonasmer certaines photos, je ne qualifierai pas d'échevelé !
Et son jeu est d'une grande maturité, avec une très riche palette d'expressions, et une grande sensibilité.
Intermède, présentation du quintette
Le violoncelle du maître. Grande puissance sur certains passages, mais toujours avec du sens.
Les violons, de concert. Les lignes mélodiques de la pièce sont réparties de manière à faire vivre spatialement les sons, portent l'intérêt successivement sur les différents pupitres
P'tit coup d'oeil au 1° violon, histoire de rester dans le rythme et dans l'esprit
Par moments, grande puissance de grands traits et franches envolées, ça scie un peu du bois. L'alternance avec des moments de grande sensibilité crée une belle dynamique à l'ensemble de la composition. Pierre Fouchenneret vit intensément ces moments, son jeu est sensible, profond, l'âme transpire ses sentiments à la musique, la composition est habitée avec une grande sincérité
Final, les spectateurs sont ravis de ces moments intenses partagés, et le font savoir.
Très belle soirée. Le programme a été ce soir très diversifié, avec des pièces aux intérêts et aux caractéristiques très distinctes. Envie de revoir ces oeuvres, les différentes propositions interprétatives qui en sont faites.
Merci à la formation, aux organisateurs, aux musiciens, et aux invités.
La Chambre d'Amis reprend à la rentrée une nouvelle saison.
Le groupe recherche d'ailleurs une nouvelle salle parisienne, celle ci limitant trop les horaires pour permettre de proposer le traditionnel pot de fin de concert réunissant les spectateurs et les musiciens. Si vous avez des pistes, n'hésitez pas à les communiquer.
Nous vous donnerons les informations de reprises des concerts dès que nous en aurons connaissance.