Les nouvelles Concorde Signature (puis les Orféo):
Petit journal, en guise de compte rendu de découverte et d'exploration "à la maison" des enceintes Concorde Signature.
Mercredi 19 Avril, 15 Heures:
Appel d'un livreur sur mon portable, "colis pour Enceintes et Musiques". Je suis un peu et agréablement surpris, je ne prévoyais l'arrivée du transporteur que dans la journée du lendemain.
Grosse palette de nombreux paquets, il y a là du du matériel attendu impatiemment par plusieurs de mes clients. Vérifications, signature du bon, et rentrée des précieux colis. Les paquets des Concorde pèsent leur poids, mais je m'y attendais, elles sont indiquées à 55 kg pièce. Pour éviter la casse (des belles et de mon dos), je me fais aider par un voisin pour les monter dans la salle d'écoute.
Je jette un oeil avide dans le plus petit des cartons, renfermant les précieuses ogives des tweeters débafflés.
Soigneusement emballées, les ogives sont ainsi plus préservées que si elles étaient livrées montées. Sans attendre, j'entreprends leur assemblage aux coffrets des enceintes. N'ayez pas d'inquiétude, cette phase de montage est toujours dévolue au revendeur, sous sa responsabilité. La manipulation est simple, mais demande un certain soin pour raccorder et fixer la tête en aulne massif tournée. Les indications de raccordement électrique sont des plus claires, pas de possibilité d'erreur; les ogives sont repérées, par paire d'enceintes et par enceinte. Je suppose qu'elles sont choisies, mesurées et sélectionnées une par une, afin de vérifier le bon phasage et / ou la parfaite linéarité de la courbe de réponse de l'ensemble de la ligne de haut parleurs d'une enceinte, et que de la cohérence du mariage avec une autre enceinte pour former une paire est elle aussi contrôlée.
Enceintes en place, je prends le temps de vérifier les câbles de modulation au testeur (surtout, pas de court circuit, ce serait trop bête), je raccorde les enceintes à l'ampli, à l'aide de fiches bananes, pour faciliter les manipulations car j'aurai beaucoup de rodages à faire dans ces prochains jours. Les borniers d'enceinte sont énormes, et heureusement prévus pour accepter les fiches bananes, même si je prévois de raccorder plus tard les cables HP directement sans fiches en installation définitive. Pour aller plus vite, je suis impatient, je raccorde avec le cable HP 216 A, j'essaierai le nouveau cable HP 216 B, arrivé avec l'ensemble de la commande, une autre fois.
Ca y est, je suis prêt. Dans quel état psychologique peut-on être lorsque l'on s'apprête à essayer une enceinte de prix, la plus aboutie d'une marque pour laquelle on a un profond respect, avec nos petites oreilles?
Je m'attends à ce que les enceintes donnent plus que ce que j'ai pu entendre lors des salons: les écoutes à domiciles des nouvelles enceintes présentées se sont toujours révélées supérieures en qualité. De plus, les indications de capacités et de qualités de ces enceintes indiquées tant par Monsieur Jean Marie Reynaud que par son fils Jean Claude laissent envisager beaucoup de choses incomplètement perçues au salon Sofitel.
Un disque (Schumann, piano, par Mikhail Pletnev, chez Deutsche Grammophon, en SACD) dans le lecteur (3D Lab Sonata), source réglée et volume de l'ampli (Plinius 9100) à 0, c'est parti. Ca tourne, je monte doucement le son. La musique est là, les enceintes fonctionnent. Je vérifie un dernière fois les branchements, serrages des borniers, phases, et je m'installe.
Première impression: aucun dépaysement. Le son est très plein, a beaucoup d'ampleur. Je suis dans le type d'écoute perçu lors des présentations des prototypes et de la première paire commerciale. Un peu comme les Offrande, mais en beaucoup plus étendu, beaucoup plus puissant, a niveau sonore équivalent. La première caractéristique annoncée par JMR est bien là: une bande passante très large, on sent bien les aigus nettement plus hauts, et des graves qui paraissent sans limite. On sent la même signature sonore: il n'y a pas d'effet acoustique particulier, pas d'évolution violente, de révolution. Plus de tout, mais dans le sens du naturel, avec de la puissance et de la subtilité sans impression de limites, partout où c'est nécessaire.
J'ai quand même beaucoup de doutes à dissiper. La pression extérieure, les essais parus dans les revues, l'attente, le respect et l'admiration vis à vis de la famille Reynaud peuvent brouiller mon objectivité, ou augmenter anormalement mes attentes.
Aurais-je les oreilles et les sens suffisamment affutés pour percevoir les capacités d'une enceinte de cette gamme, avec les caractéristiques annoncées? suis-je physiologiquement et culturellement à la hauteur du niveau de rendu attendu d'un tel "produit"? Le rapport investissement/gain en perception est-il justifié? Ne me laissé-je pas abuser ou influencer par les critiques positives lues et entendues, par les opinions exprimées sur les forums audiophiles, par les annonces des créateurs, me laisserais-je emporter malgré moi par un enthousiasme et par un effet de groupe? Il est clairement nécessaire de veiller à prendre le recul suffisant, en laissant décanter les infos extérieures. De l'objectivité, de la sincérité, éliminer les préjugés positifs avant la confrontation, prendre soin d'établir une relation directe et naturelle avec le son et les enceintes, et dehors de tout jugement préétabli.
Que m'apportent ces enceintes dans mon écoute, dans ma relation avec la musique?
-tout d'abord un sentiment général d'aisance, sur plusieurs aspects,
de la puissance, pas forcément traduite par du volume sonore,
et le sentiment que les limites sont repoussées là où il n'est plus utile de les atteindre.
Le piano que j'entends là est bien présent, les enceintes se sont déjà effacées, malgré leur taille dans ma pièce d'écoute assez restreinte.
Sentiment de présence très fort. J'entends des micro-détails auxquels je n'avais pas prêté attention: les étouffoirs du piano. La prise de son est faite de manière rapprochée, et les tweeters, par leur précision et leur étendue, donnent accès à plus d'informations, mais sans mise en avant ou effet de loupe. Ces nouveaux éléments du message sonore donnent un peu plus accès au jeu du musicien, on sent physiquement son action sur les pédales, franche, ou douce, ou parfois hésitante dans le niveau de délicatesse recherché;
Le piano est bien là dans toute sa puissance et son rayonnement, avec l'étendue des résonances des cordes qui vibrent par sympathie, et l'ensemble complet, précis et détaillé des harmoniques.
Le support SACD -ici lu en stéréo- montre là ses avantages, et la qualité des informations supplémentaires qu'il véhicule et auxquelles il donne accès, par rapport au simple CD.
Déjà des certitudes: le nouveau tweeter fait plutôt bien son travail, très bien même, et la profondeur des graves à laquelle donne accès le volume de charge participe grandement à la qualité de l'ensemble, déjà propre, énergique et détaillé.
L'ampli Plinius 9100 n'est pas à la peine, je ne franchis pas le passage de 10 heures dans le réglage du volume, comme avec toutes les enceintes JMR. On a ici une facilité d'alimentation qui fait penser aux Offrande. Mais il faut cependant pondérer ce point par le fait que la salle d'écoute est plutôt restreinte.
(Addenda: des écoutes ultérieures montrent que des des amplifications plus puissantes, notamment en biamplification, augmentent encore le niveau de qualité délivré).
De même, je suis étonné que la petite taille de la pièce d'écoute ne constitue pas un handicap pour juger les performances, même si je sais qu'un volume plus important permettra d'autant mieux de laisser déployer les sonorités avec une certaine majesté.
Là où je suis aussi extrêmement surpris, c'est l'absence d'effets de résonances dans le grave, comme j'ai pu y être confronté avec les enceintes Trente et Cantabile Signature avant l'achèvement du rodage. Les graves sont déjà domestiqués et sous contrôle, même avant rodage.
J'essaie quelques disques supplémentaires, références pour moi, sur lesquels j'ai différents repères, mais vite je m'aperçois du fait que d'autres critères sont à repérer, et que certains éléments ou aspects sont déjà au maximum de leur potentiel. La grande qualité de l'ensemble se confirme, et apparaît ici et là, petit à petit et avec la durée des écoutes, la grande qualité du médium, sa fluidité, son naturel encore plus poussé que sur les enceintes précédentes. Je perçois aussi avec le tweeter à ruban ce que peut vouloir signifier un aigu plus "filé", notion que j'avais du mal à cerner précédemment.
Je passe maintenant à la phase de rodage, à l'aide du Magic CD bien évidemment, pour aller chercher les capacités encore cachées ou incomplètement déployées. Volume ajusté progressivement à 9 heures, vérification, et je laisse le système travailler, sous contrôle à chaque passage, de la température de l'ampli notamment.
du Jeudi 20 au Mercredi 26 Avril:
Les passages de Magic CD et de CD se succèdent, toujours sous surveillance. Des enregistrements qui ne m'avaient pas attiré ou déçu, à cause de la discrétion des effets qu'ils déploient, retrouvent un intérêt, dans la justesse simple et sans fards qu'ils proposent. Les grains des voix et des instruments, très précis, détaillés et présents ramènent une proximité, quasiment un dialogue, entre l'interprète et l'auditeur que je suis. Cette précision donne accès aux émotions et à l'état d'esprit de cet (ces) interprète (s), transmis dans l'étendue des informations sonores véhiculées par le système acoustique dont l'enceinte est l'ultime et essentiel maillon. Notre participation en tant qu'auditeur retrouve ainsi une partie de la configuration vécue lors de la présentation vivante de la musique (concerts).
Lundi 24 Avril:
Soirée pluvieuse, le temps se met à l'orage. Au premier coup de tonnerre, j'éteins tout le système et je débranche les prises.
Ce n'est pas tant la foudre, que les surtensions du secteur que je crains. Mais du coup, orage passé, je me retrouve le lendemain avec un ampli froid. Et avec le Plinius froid, envolée la musicalité. Le son est toujours précis, détaillé, mais la présence, la vie ne sont plus là. Au bout de quelques heures, tout ce gentil monde consent à revenir petit à petit, se mettre en place, s'installer.
A nouveau, les disques se suivent.
Mercredi 26 Avril:
Je profite de ces écoutes pour tenter un comparatif entre les câbles JMR HP 216 A, et la nouvelle mouture HP 216 B. Raccordement en bicâblage toujours, 1 type de câble sur une enceinte, et l'autre sur l'autre enceinte. Perçoit-on une différence? Le son est-il tiré vers l'une ou l'autre enceinte sur certains de ses aspects ou plage de fréquence? Rien d'évident ou de bien précis. Je laisse faire le rodage des nouveaux câbles, et il apparaît petit à petit que l'écoute s'est vidée à nouveau de sa musicalité.
Bon! Protocole de comparaison non valide. Renseignement pris, il faudrait plutôt chercher à faire une écoute en double mono, pour juger des différences entre câbles sur enceintes ayant chacune leur modèle. Une leçon au moins de cette expérience: une différence de câbles, même proches comme peuvent l'être les 2 versions HP 216, sur un système stéréo, peut être catastrophique dans la musicalité. Peut-être une rotation de phase engendrée entre les 2 enceintes, qui "mange" une partie du message sonore .
Je remanie les raccordements, bicâblage total avec le nouveau câble HP 216 B cette fois. Je laisse tourner quelques heures, le temps que les nouveaux câbles se chargent.
Et c'est à nouveau le plaisir. Oublié le système, les enceintes, les cables. La musique est à nouveau là, dans ses moindres détails et inflexions, la sensibilité est revenue. Je mets plusieurs de mes CD repères, et c'est bien la musique que savent faire les Concorde Signature que je retrouve enfin, aérée, puissante, maîtrisée et subtile à la fois.
ECOUTE CRITIQUE:
Les écoutes sont faites avec des CD et SACD, ces derniers écoutés sur leur piste stéréo.
-SACD Schumann, Mikhail Pletnev, chez Deutsche Grammophon, cité plus haut:
Suite des premières impressions d'écoute de ce disque, après rodage cette fois:
Encore plus qu'aux premières écoutes avant rodage. Plus de quoi? Plus de tout: ampleur, détails, présence, espace entre les sons, filé des aigus et des harmoniques; l'oeuvre se déploie avec puissance et majesté, le caractère de l'interprète se manifeste sans ambiguïté, avec maîtrise, force et sensibilité. On sent que l'on saura qui est Mikhail Pletnev dorénavant, comme on repère immédiatement au bout de seulement quelques notes chantées la voix de Cécilia Bartoli.
-SACD Altre Follie, Jordi Savall, Hesperion XXI, chez Aliavox, AVSA 9844:
Les timbres des instruments (viole, harpe triple, violons, percussions,...) sont magnifiquement restitués. Mais ça, je le savais déjà: Les Twin Signature, premières enceintes de la gamme Jean Marie Reynaud, donnent déjà accès à un très grand niveau de qualité dans ce domaine (voir le compte rendu d'écoute des Twin Signature).
Ce disque est particulièrement plaisant, notamment par le rendu de l'ampleur de la salle où officient les musiciens. Dans les 2 premières pièces musicales proposées, des folies anciennes début 16°, les instruments voient leurs notes emplir la collégiale, grâce aux percussions qui viennent donner corps à cet immense volume de pierre. Ces percussions ouvrent l'espace aux instruments à cordes, permettant aux notes de prendre de la respiration, de l'envol. La 2° plage est particulièrement marquante sur ce point, et les enceintes rendent parfaitement cette dilatation de l'espace: avant la première percussion, on aurait pu se trouver dans un simple studio, et d'un coup, les caractéristiques sonores de la salle et des instruments sont clarifiés.
Dans la lignée des disques enregistrés par Jordi Savall, notamment pour Aliavox, j'ai pu noter cette utilisation progressive des percussions profondes ou délicates, qui humanisent le travail à l'archet, le rattachent à une vie plus large que le simple respect de la partition. De même, il me semble qu'au fur et à mesure des enregistements proposés depuis plusieurs années, le sens de la dramaturgie se fait plus marquant, les notes et accords ne sont plus issus des lectures simples des codex, mais elles évoluent au fur et à mesure du déroulement de leur interprétation, non linéaire, le rythme est plus varié, donnant le sentiment d'être scénarisé, pour donner ici plus de vie à ces danses d'origine portugaise. Ce sentiment est bien marqué si l'on suit l'évolution à partir du précédent CD recueil "Harmonie Universelle 1", ainsi qu'au premier volet "La Folia", chez le même éditeur.
-CD Bach, Actus Tragicus, Ricercar Consort, chez MIRARE MIR 002:
Mirare est le label des organisateurs des festivals de la Roque d'Anthéron, et de la Folle Journée de Nantes. Leur passion de la musique ne peut que transparaître dans leurs enregistrements et sélections. C'est le cas ici, la qualité musicale et instrumentale se fait sentir. Les grains des instruments sont très précis, on accède au soyeux, au rugueux, au velouté, comme une main que l'on passe sur la pierre ancienne ou le bois. Les voix sont aérées, présentes, et non dissociées des instruments avec lesquels ils partagent la partition, comme c'est malheureusement parfois le cas, même chez les labels réputés.
-CD The Salieri Album, Cecilia Bartoli, chez DECCA 475 100 2 (aussi disponible en SACD):
Dès les premières notes, les timbres des cuivres et cordes tranchent nettement avec ce que l’on entend habituellement avec un système de restitution assemblant électroniques et enceintes.
L’intérêt du nouveau tweeter à ruban est ici évident, les sonorités, les harmoniques et reflets des cuivres sont restitués au delà des sons perçus en écoute domestique, le naturel gagne. Et il gagne aussi sur la voix, très riche, de Cecilia Bartoli.
Les talents de la cantatrice ne sont évidemment pas à démontrer, et c’est pour moi avec cet enregistrement qu’ils se manifestent particulièrement, bien servis par la qualité de l’enregistrement.
La voix est comme toujours très caractéristique, et le sens de la tragédie est vraiment remarquable. Tous les sentiments sont palpables, très vécus dans la voix. Je découvre avec cet enregistrement l’apport du livret, l’aide et le moyen de rentrer un peu plus dans l’histoire, les sentiments, grâce au texte et à sa traduction. Les moyens de participer, de communiquer, de saisir les intonations, les envols, les sentiments dans toutes leurs infimes variations sont ainsi décuplés, nous ouvrent davantage à la perception, et magnifient le propos dans son sens et dans son expression.
Cecilia Bartoli est, en plus de la cantatrice, une magnifique actrice, habitée par ses rôles, retranscrivant une riche palette d’émotions, de situations voulues par les librettistes et musiciens, avec un coté « mutin» qui la fait immédiatement reconnaître entre toutes.
Plage 5: en jeune future épouse, en pleine fraîcheur et innocence, réclamant jeux et instruments bien à son humeur,
Plage 7: en dormeuse, dans les tourments des rêves sombres et visions horrifiques.
Les sentiments y sont très expressifs, et communiqués, transmis, propagés avec un grand pouvoir d'évocation.
-CD Various Artists, The E.S.E. Sessions, Blue Coast Collection (image ci contre cliquable pour commande du SACD ou du téléchargement, remettre la page en anglais pour pouvoir écouter les extraits).
Enregistrement réalisé par Jean Claude Reynaud, fils de Jean Marie Reynaud qui oeuvre avec son père dans l'entreprise JMR.
Ce type de prise de son, très direct, donnant toute la matière des instruments et la présence des musiciens, est particulièrement mis en valeur et en plaisir par les enceintes Reynaud. On participe, on communique avec la musique, dans l'esprit jazz, même si ce n'est pas tout à fait le genre musical de cet enregistrement. L'acoustique du studio, les grains des voix, les attaques énergiques des cordes, parfaitement identifiables, la subtilité des détails, tout est rendu avec un grand naturel et nous installe en grande proximité avec les musiciens.
La 1° plage, guitare, dobro et voix, nous baigne tout de suite dans le naturel, avec la qualité de retranscription des cordes, et des sons d'une limpidité exemplaire. S'il faut un enregistrement pour parler de transparence, d'absence de "voile", celui-ci convient tout à fait. Le "foot-tapping" d'un des musiciens est lui aussi restitué sans effet de loupe, ajoutant au naturel de la prise.
La plage 5, The Dog Song est très énergique, les détails de cordes sont extrêmement précis et puissants -indépendamment du volume sonore-, mais aussi subtils et très délicats selon les passages. La sensibilité trouve ici à s'exprimer, pour se faire partager. La voix est là, le musicien partage notre salle d'écoute.
Dernière plage, la basse acoustique jouée à l'archet: le preneur de son se fait plaisir, et nous fait partager ce moment. L'ébénisterie de l'instrument vibre, projette ses timbres, c'est son rôle, mais nous avons aussi accès au détail sonore du frottement des crins d'archet sur les cordes, avec un réalisme et une proximité renforcés par l'acoustique du studio, dans lequel nous sommes quasiment présents. Les cordes vibrent presque sous nos yeux, et cette sensation rappelle celle produite par d'autres enregistrements de qualité de petites formations baroque du registre classique.
-DVD Buena Vista Social Club, EDV 1284:
Le film de l'histoire de la renaissance de ce groupe de musiciens cubains, dans des ambiances sonores variées et très bien retranscrites. Les rendus sont conformes aux types de prises de son, souvent visibles pour les prises en studio. On passe d'une atmosphère à l'autre avec un grand réalisme sonore. Dans la dernière partie, le concert donné au Carnegie Hall, en écoute stéréo, les auditeurs que nous sommes se trouvent baignés dans la salle, environné par les sons de la scène et les retours de salle, comme si la lecture était faite en multicanal. La lecture multicanale n'a pas été testée lors de cette écoute, mais je gage que sa qualité de spatialisation doit être intéressante sur des bons systèmes.
CONCORDE SIGNATURE: ont-elles des limites?
Après quelques évocations et partages des plaisirs et émotions engendrées par ces enceintes de très belle facture, il est intéressant d'essayer de déterminer ce qui pourrait leur manquer, quelles sont leurs limites (y en a-t-il?).
En effet, dans beaucoup de domaines, matériels ou immatériels, c'est entre autres par les limites et ses traitements que se définissent un objet, une architecture, un propos, un processus, une idée.
Dans le cas précis de ces enceintes, que ne peuvent-elles faire, où arrivent-elles en limite de capacité, et comment s'opère cette limite?
J'écarte d'emblée les aspects de puissance sonore, le seuil de la douleur auditive étant atteint, en condition d'écoute domestique, bien avant l'apparition de la moindre distorsion.
L'écoute à bas niveau, quand à elle, a malgré tout du corps, même si un niveau minimal est requis, pour des raisons physiques, notamment pour les graves, pour exprimer toutes les sonorités et timbres avec justesse et une dynamique suffisante. Rassurez vous, ce niveau n'est guère élevé, et compatible avec la conservation de bonnes relations avec votre proche voisinage.
Du coté de la bande passante, les graves descendent très bas, de manière limpide, franche et bien timbrée. Le raccordement du caisson Furioso fait néanmoins apparaître sur certaines musiques ou bandes son que les infra-graves ne sont pas tous exprimés. Mais on est là en son de type home cinéma, ou concert électroacoustique forçant sur ces effets. C'est logique, et il n'y a pas de manque ressenti lors des écoutes strictement musicales; et si l'ajout d'un caisson pourrait se justifier dans des conditions particulières d'écoute, c'est vraiment pour aller chercher les dernières limites de l'audible. Les enceintes remplissent particulièrement bien leur fonction dans ce domaine. Et comme toujours chez JMR, les enceintes s'arrêtent de "dire" là où elles ne peuvent plus dire, avec naturel, sans faire de "soupe" ou de masse brouillonne, sans générer la moindre impression de manque.
Coté aigu, rien ne manque à mes oreilles, et (je suis allé chercher des instruments de "mesure" moins marqués par l'âge et plus fiables sur ce critère) à celles de mes enfants non plus. Le tweeter à ruban donne accès réellement à toutes les fréquences aigües perceptibles inscrites dans la musique.
L'écoute de enceintes Offrande, référence, "Graal" pour certains en manière de qualité de retranscription, fait ressentir après les Concorde comme un léger voile. Les Concorde apparaissent beaucoup plus "transparentes", effets conjugés du tweeter et du médium, remarquables de précision, clarté, aération des sons.
CONCORDE et l'effet "haute définition":
Les sonorités retransmises par les Concorde sont extrêmement précises, dans les parties subtiles et délicates comme dans des moments musicaux particulièrement énergiques. Elles donnent accès à une grande quantité de micro-informations, mais sans effet de loupe sur ceux-ci (cf les étouffoirs du piano de M. Pletnev).
Pour donner une image visuelle, elles proposent une image très haute définition, sur un très large écran (l'’étendue des sonorités disponibles), avec un remarquable accès aux infimes détails, mais sans présenter une loupe obligatoire sur certains d’entre eux. Ces détails sont accessibles, à notre bon vouloir, comme une image haute définition permet, si on le souhaite, de scruter une petite partie pour observer, ressentir, connaître ou comprendre un élément particulier avec une très grande précision. Et cette précision participe à la qualité de l’ensemble de l'’image, à la sensation de "vrais" timbres et sonorités, au coté "vivant" de la musique entendue là.
ORFEO, ou CONCORDE SIGNATURE ?
Il faut un certain niveau de qualité d'enregistrement pour utiliser les capacités spécifiques des Concordes, comme des Orféo dans une certaine mesure. Indépendamment de la qualité musicale d'une oeuvre et de son interprétation, inutile de chercher à atteindre des sommets dans la retranscription si les enregistrements ne sont pas soignés. Mais s'ils le sont un minimum, et c'est de plus en plus le cas, passés les débuts et dépassés les excès enthousiastes du "tout numérique" infaillible, pour du numérique raisonné et sensible, alors leur savoir-faire apparaît clairement, pour une musique évidente et d'un grand naturel.
Le CD d'oeuvres piano de Schumann, par M. Pletnev (cité dans les écoutes) fait clairement ressortir la supériorité des Concordes dans l’'étendue des sonorités du piano.
Le déploiement des sons dans la salle d’écoute, pourtant restreinte, est bien plus ample avec les Concorde, et la matière du médium est aussi bien plus riche, et il me semble que le placement est plus aisé.
Donc, Concorde Signature ou Orféo?
Après quelques mois de vie commune avec ces enceintes, d'écoutes seul ou d'écoutes découvertes avec les visiteurs, il apparait que, hormis les dimensions ou l'aspect esthétique de l'ébénisterie, le coût est le principal critère en mesure de déterminer un choix: le résultat sonore, la facilité d'alimentation, la taille minimale de la salle d'écoute, le positionnement, et surtout l'extraordinaire rendu du médium devraient faire préférer le modèle Concorde.
L'enceinte Orféo est une très belle réussite sonore, confirmée par le succès qu'elle remporte depuis sa sortie. Ses qualité musicales, héritées des Concorde Signature, sont évidentes, et justement signalées par la critique (le Monde de la Musique,...).
Ces 2 enceintes couronnent symboliquement efficacement la série Signature. Leur accord, leur extraordinaire tweeter et la qualité de son intégration au reste des registres, feront sans doute date dans l'histoire des enceintes JMR.
Bonne journée.