Nous avons reçu il y a quelques jours les nouvelles enceintes Jean Marie Reynaud Abscisse.
(Contactez-nous dès à présent pour planifier vos écoutes !)
Journal de bord de leur mise en route et de leur re- découverte, suite aux écoutes du modèle de pré-série en février:
Mercredi matin, 6 juin: après alerte mail du transporteur, récupération de la palette de cartons (avec les commandes en cours), acheminement vers la salle d’écoute, et déballage.
Tel un archéologue enthousiaste, je procède à l'ouverture. Le double emballage de cartons me met à l'esprit l'image des emboitages successifs de sarcophages des défunts de l’Egypte ancienne; emballage désormais généralisé sur les enceintes de la marque, plus « bandelettes » finales sur la forme allongée: feuille de mousse ou de papier, selon le modèle.
Ici grande feuille de papier, sans doute le moyen le plus simple, mais efficace, pour préserver la finition. Mais quelle finition ? Je n’ai vu d'elle jusqu’à présent que la photo ci dessus, faite il y a quelques semaines au salon de Munich.
Dans chaque carton, platine de socle, cache des HP, emballés de mousse, et protection magnétique du tweeter glissés sur les cotés de l’enceinte. Je sors la 1° bête. Le poids, toujours, encore plus ressenti avec des épaisseurs et du volume d’emballage en moins.
Enceinte couchée sur le canapé, je m’attaque aux scotchs de la feuille papier, la préservant pour réemballage ultérieur, en prenant bien garde de ne pas risquer de « blesser » la finition de l’enceinte avec l'outil.
Je dégage le papier. Nous y sommes.
Ouch ! Le noir de la face avant apparait: velouté, très profond. Un chic absolu. La surface appelle la main. C’est beau, tout de suite.
Je finis de dégager la feuille papier, l'orifice du tweeter est protégé des affres du voyage par un scotch.
Au dessous de l’enceinte, je découvre une trappe découpée. L’accès au filtre par le dessous, une première dans les gammes récentes JMR. Je mets ça dans un coin de mon esprit, à investiguer par la suite (pour pêcher des infos et les relayer)
Mise des enceintes à la verticale, sans socle ni pointes, je branche, pour attaquer le rodage sans tarder. On verra le reste et les détails par la suite. Branchement rapide donc, musique …
Crachouillis électroniques dans le haut du spectre: premiers fonctionnements des composants ? (à y réfléchir quelques instants, c’est non: l’enceinte a déjà été vérifiée, et ses composants également) Je ne suis pas inquiet, je scrute les branchements. Modifications, autre entrée dans l’ampli, les crachouillis cessent instantanément. Juste un bouton poussoir arrière ne correspondant pas à la source utilisée, le problème est diagnostiqué, et résolu en un instant. J’ai appris depuis longtemps à ne pas m’inquiéter sans savoir.
La musique fonctionne normalement. CD de musiques acoustiques variées en mode Repeat, je dois m’absenter, les petites vont travailler un peu avant les prochaines écoutes.
Quelques secondes d’écoute, mais l’ampli et la musique ne sont pas « absolus » en qualité pour chercher le meilleur de ces enceintes, et je sais surtout qu’il n’y a pas grand chose de spécifique à attendre les premiers instants. Ca marche, sans défaut, mais c’est globalement « normal », sans plus, à part quelques indices très prometteurs (sur de la musique de harpe, un "toucher de cordes" qui déjà enthousiaste, même si toute l'ampleur n'est pas encore là). Tout va bien, tout est conforme aux déroulements normaux de mise en route. Comme lorsqu’on vient de mettre chez soi une plante dont les fleurs qui vous ravissent sont encore en boutons, ou un vin dont vous attendez beaucoup, encore bien trop jeune pour mériter une ouverture immédiate. Je ne cherche même pas à faire « valoir » ou entendre des qualités spécifiques de cette enceinte, même sachant de quoi elle est capable. Ce n’est pas encore le moment. Tout vient à point …
Jeudi: CD de rodage la nuit précédente, et une bonne partie de la journée. L'après midi et le soir, tandis que je travaille, quelques musiques. Ca s'ouvre, mais c'est encore raide (par rapport à ce que je sais devoir obtenir), les graves prennent leur temps et ne pointent que timidement leur nez, encore trop tendus. Les cordes sont déjà à un très beau niveau de rendu, le clavecin reste trop métallique et numérique. Je sais que pour lui, ça va être long (les nombreux rodages et expériences spécifiques me font lier ce phénomène aux condensateurs), et déjà quelques manifestations de spatialisations qui déjà sont du hors norme propre aux Abscisse. Ampleur, richesse des effets acoustiques les plus divers, grande lisibilité.
Un visiteur de passage est déjà très enthousiaste, moi je sais que ces enceintes en ont encore beaucoup sous le pied, bien des choses vont s'ouvrir peu à peu.
Je remets les enceintes en configuration rodage (face à face proche, branchement en opposition de phase, CD de rodage en repeat, réglage soigné du volume, avec un peu de marge de sécurité pour la nuit).
Vendredi: replacement (placement) des enceintes, mise en place d'un socle et des pointes. Le rodage a bien avancé; écoutes rapides entre les moments de rodage: espace sonore, "diction" et lisibilité en nette progression, quasi définitifs (selon ce qu'entendu avec le modèle de présérie en mars)
Samedi soir:
Les écoutes intermédiaires d'hier (rodage non finalisé) confirment les spécificités de ces enceintes. Je ressens à nouveau (suite aux écoutes de mars) qu'elles font vraiment quelque chose de différent, de bien plus abouti que ce que j'ai pu entendre jusqu'à présent. Notamment, la lisibilité des types de spatialisations est une première.
On entend précisément des spatialisations et diffusions distinctes même si elles sont simultanées.
Par exemple: nappe de grave très étendue dans la salle, évènements ponctuels précis (source sonores ponctuelles (voix, instruments précisément placés, distincts des "effets acoustiques" de salles bien transcrits eux aussi), Ca on l'a habituellement avec les bons matériels, mais on a en plus ici aussi accès aux différences de traitement spatial et de compression ou de réverb des différentes pistes par exemple.
C'est aussi lisible et différentiable que sont lisibles et différentiables et individualisables des instruments juxtaposés bien retranscrits.
La scène sonore n'est pas une masse globale, mais on perçoit plus distinctement les caractéristiques de chaque "couche", selon la manière dont sont constitués les enregistrements.
En enregistrement "bio" sans trafic ou sans travail élaboré de mastering, ça rend une lisibilité et un naturel encore plus poussés.
En mastering poussé, on a avec précision chaque réglage, chaque nature distincte de sons et de couches, y compris avec les conséquences sur la diffusion spatiale des sons, qui prennent une 3° dimension rarement égalée. On n'est plus face à un écran sonore, mais à un espace où les masses d'objets et d'air vivent dans l'espace, et des natures d'espaces sonores différents peuvent cohabiter en gardant leur personnalité et leur caractère propre, simultanément.
Je me suis fait "choper" par cette spatialisation en sortant de la salle alors que la musique tournait, et aussi en étant de chant par rapport aux enceintes (= sur le coté), cette définition et cette précision des espaces est vraiment une première à cette intensité, à cette densité de perception.
Je poursuivrai les écoutes en régime musical, je fait encore un peu tourner le CD de rodage avant de reprendre des écoutes musicales poussées.
Le grave est arrivé quasi d'un coup au cours du rodage (nette différence entre l'écoute d'un soir après 2 jours de rodage et celle du lendemain après quelques heures supplémentaires).
Pas la moindre trace de trainage, le grave est d'une rapidité confondante, et sait être ample et profond, uniquement quand l'info est sur le CD, et on se rend compte encore plus que bien des systèmes distendent systématiquement ce grave là où ce n'est pas sur le fichier musical. Le grave des enregistrements parait beaucoup plus varié sous cette lecture plus précise et, semble-t-il, plus exacte (car elle marque bien de réelles différences, là où auparavant ces caractéristiques se distinguaient moins).
Du coup, cette caractéristique même pourra choquer, et même faire rejeter cette enceinte pour manque de corps dans les graves sur certains enregistrements, corps souvent apporté artificiellement par le système d'écoute.
Ce choc et ce "manque" sera vrai comparativement (moins de grave généralisé), mais le grave proposé par les Abscisse sera plus exact (du grave ample et profond, seulement lorsque le fichier le contient).
Cette enceinte est résolument non "Hifi" ("Hifi" ici = rendu agréable, confortable, avec un grave globalement et systématiquement bien présent), et est plus tournée vers ce qui est sur l'enregistrement. Je pense que certains auront du mal à l'accepter, les autres qui exploreront que c'est une diction plus juste apprécieront ces nuances et variations et ces expressivités plus variées, correspondant à une réelle variété des enregistrements proposés.
Ces enceintes ne proposent pas leur rendu, elles proposent plus précisément, et de manière plus approfondie et juste, l'essence des musiques telles qu'elles sont enregistrées.
C'est un choc, une remise en question, mais les bénéfices, à l'étude, sont patents, et la justesse plus grande.
Je le répète, c'est tellement novateur qu'il faut un temps d'adaptation, que certains pourront refuser (les adeptes du son "à l'anglaise" pourront avoir du mal), ou certains pourront mettre du temps à choisir entre ce qu'ils ne veulent pas perdre, qui était artifice de simplification, réduction confortable et consensuelle, et ce qu'ils peuvent gagner en définition, richesse, nuance, subtilité, résolution, micro-dynamique générales, ampleur et richesse des spatialisations et de la scène sonore.
A suivre …
N'hésitez pas à intervenir, ou à poser vos questions ci dessous.