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Salon Haute Fidélité 2012: la Haute Fidélité vit toujours, mais cohabite avec la Petite Musique d'Ennui

Le salon Haute-Fidélité 2012 est en train de fermer ses portes.
Avec certaines appréhensions, le ciel étant encore très lourd au dessus de la revue organisatrice *.

Bon: le salon !
Et bien, c'est un vrai salon parisien de la Hi-Fi, avec ses joies et ses peines habituelles ... Voyons un peu:

Entrée du salon Haute Fidélité 2012, avec à gauche Jean Marc Habit, directeur de la revue

Le salon, considérations générales:

Hôtel Marriott St Jacques, accès facile en transports en commun.
Envergure (surface utilisée et "remplissage" des espaces) réduite par rapport aux éditions précédentes, mais rien n'indique si la raison en est spécifiquement la crise générale actuelle qui touche aussi le secteur de la Hifi, les inquiétudes liées à l'avenir de la revue, ou la trop grande proximité avec l'autre salon Hifi qui s'est récemment tenu à Paris. Probablement un peu de chacune de ces raisons; nous avons connaissance notamment de certains désistements pour partie (pas tous) liés à la crise actuelle.

Peu d'effets scénographiques spectaculaires, le salon est livré "brut": juste 2 personnes à l'accueil, pas de grandes affiches hormis 3 grands panneaux dans le hall d'entrée. Peu de dépliants et prospectus fournis, pas de programme, juste un plan. Personnellement, je préfère !

Le salon occupe 3 étages: le niveau bas avec une vaste salle desservant plusieurs salons, en général assez grands. Les niveaux hauts proposent des salles plus petites. Dans les espaces communs, des stands statiques de présentation de matériels, ventes de disques, petits appareils.

"immeuble" de CD en vente dans l'atrium, au niveau bas. Egalement proposés: vinyles et amplis casques, et plus loin des revues Haute fidélité.

Acoustique des salles

Les écoutes se font généralement en alternance par demie heure entre les salles voisines, pour limiter les gênes réciproques.

Corrections acoustiques de salle de présentation par mise en place de panneaux muraux

L'acoustique des salles ne diffère pas des autres années: les salles présentent pas mal de défauts acoustiques, génèrent parfois des problèmes; tous les types de comportements se côtoient face à ces contraintes et difficultés acoustiques:

-pas de traitement. Certaines installations s'en sortent musicalement mieux que d'autres, par la nature des systèmes (enceintes notamment), qui font réagir différemment les salles, par la disposition des équipements dans les salles (ce qui motive pour partie des dispositions obliques, ou dans le sens de la largeur). Le type de musique et le niveau sonore d'écoute peuvent aussi servir de valeur d'ajustement, mais tous n'en ont pas pris forcément conscience. Cependant, on peut noter moins de démonstations à niveau élevé, jusqu'à l'insupportable dans la salle et envahissant les salles alentour. De la mesure, qui a été bénéfique pour la qualité générale des écoutes.

-traitement acoustique: pas mal d'équipements très divers: panneaux absorbants, diffractants (dont panneaux de Schroeder), bass-trap, emballages de matériels utilisés pour casser des réflexions, ... Pas de grandes plantes par contre comme vu au salon d'il y a quelques semaines. Les équipements de traitement sont eux aussi utilisés de façons très diverses: de quelques panneaux judicieusement placés, à une orgie de panneaux couvrant la quasi totalité des parois.

-traitement numérique (en complément de traitement acoustique d'ailleurs): chez Trinnov bien sur, et peut-être chez quelques autres, mais je n'ai pas remarqué - mais pas cherché non plus- d'autres systèmes de correction numérique.

Qualité Haute Fidélité ?

Je remarque à l'instant l'absence quasi complète de systèmes multicanaux, et de home cinéma. La Hifi, rien que la Hifi. Et du plutôt très haute gamme, à l'exception des produits BC Electronique et des enceintes Mulidine. Et d'Atoll- Athom, pour partie des appareils en présentation. Enfin, très haute gamme: très gros budgets, plus exactement.

Car la débauche de matériels ne signe pas forcément des retranscriptions de qualité, et les budgets demandés semblent parfois très abusifs par rapport aux prestations musicales et sonores proposées. Beaucoup ont des éléments qualitatifs propres aux grands systèmes (et encore: pas tous, loin s'en faut), mais avec un aboutissement peu en rapport avec les sommes demandées coté qualité de certains éléments de retranscription.
Que d'écoutes ternes, manquant de transparence et d'aération, aux équilibres perfectibles, aux timbres teintés de moultes couleurs (les instruments et voix n'en demandent pas autant, leur naturel leur suffit).

J'entends encore, dans les couloirs, pester contre l'omniprésence du classique et du jazz dans nombre de salles d'écoute. Fort heureusement, cette caractéristique demeure. Car nombre de visiteurs confondent parfois "je veux pouvoir écouter ma musique pour voir comment elle sonne sur ces bécanes d'enfer que je pourrai jamais m'offrir" et "je voudrais bien savoir ce que ces systèmes haut de gamme ont dans le ventre". Trop peu le savent encore: la musique acoustique (quel que soit le style) est la plus pertinente pour l'évaluation de nombre de caractéristiques de restitution.
J'ai notamment en tête une écoute de cet après midi des enceintes Fischer et Fischer. Fort heureusement, j'ai pu les écouter hier sur de la musique acoustique, et leur écoute m'a paru des plus intéressantes. Mais ce jour, au moment de mon passage, le "démonstrateur" était fier de passer un DVD de concert de Michel Jonasz: et quoi !? comment juger de la fidélité à la musique, et de la qualité des nombreux critères de restitution, avec de la musique électroacoustique trafiquée, enregistrée au sortir de mauvais HP de sono de concert, compressée en dynamique, de laquelle tous les détails et les timbres sont absents, édulcorés, simplifiés ? On a le droit d'apprécier Jonasz, mais ses concerts enregistrés ne sont pas l'outil le plus adéquat pour témoigner des savoirs-faire et des qualités de restitution d'un système Hifi très haut de gamme.

Je pense qu'il faudrait instaurer un permis d'écoute et d'évaluation de systèmes Hifi, pour apprendre aux intéressés comment juger, jauger, évaluer un appareil ou un système de retranscription; comme cette conférence par exemple, donnée justement lors d'un salon Hifi, par Patrick Vercher et Jacques Vallienne, à l'invitation de Philippe Muller, preneur de son de grand talent.  En effet, il faudrait apprendre à nombre de visiteurs à dissocier le "j'écoute la musique qui me botte sur un grand système pour voir si ça passe" du "quelle est la nature intrinsèque de la restitution que propose tel appareil ou tel système ?".
J'ai d'ailleurs entendu un visiteur déclarer que "les enceintes Mulidines ... et les enceintes JMR ... sont mises au point avec "ces" musiques  (la musique classique)". Je n'ai pas réussi à déterminer s'il y avait de l'aversion ou pas envers ce type de musique, mais cette personne a fait un raccourci qui est aussi une sorte de contresens, tout comme la réflexion souvent rapportée qui assigne aux enceintes JMR, par exemple, la retranscription exclusive du classique et du jazz. Profonde méprise entre des méthodes de travail et d'évaluation, et des résultats, savoirs-faire et utilisations finaux.

Mais alors, à ce salon, quelles écoutes, quelles réussites, quelles nouveautés ?

Et bien malgré la talle réduite de ce salon, quelques découvertes et quelques bonnes surprises, et quelques infos aussi.

Atoll:

Salle Atoll/Athom: sur les Athom GT2, appareils Atoll streamer ST 200 en alternance avec le lecteur CD 400, sur ampli IN 400 en alternance avec un pré PR 400 sur 2 amplis bridgés AM 400

Chez Atoll et Athom: écoute des systèmes de la gamme 400 d'Atoll, sur enceintes GT 2, le grand modèle d'Athom. Présentation des nouveaux streamers Atoll ST200 et ST100, en finition silver et noir, 1 modèle de DAC100 SE (avec télécommande pour volume et source), let présence du tout nouveau pré phono P200 SE (avec façade silver et composants optimisés).

Stéphane Dubreuil (Atoll) expliquant le fonctionnement du nouveau streamer ST 200
(le streamer ST200 sera en écoute dans nos locaux courant semaine prochaine, il sera aussi possible d'écouter le rendu du ST100).

Dans la salle Fusion Acoustique: sur un système source Meitner (MA2), et amplification Gryphon Diablo, découverte des nouvelles enceintes Tidal.
Y a pas, David Rio (responsable de Fusion Acoustique, distributeur des marques Meitner, EMM Labs, Gryphon, enceintes Rockport, et maintenant enceintes Tidal) a de l'oreille, et de la bonne, pour choisir ses produits et ses marques. Ces enceintes allemandes sont vraiment remarquables, sur quasiment tous les critères de restitution. Bien sûr, le prix est en rapport, mais au moins, le résultat s'entend. Et alors même que les électroniques associées étaient bien modestes en regard du coût des enceintes. Système complet à un peu plus de 50 000 euros, le résultat dépassait de beaucoup celui de systèmes voisins dont 1 seul des éléments dépassait ce prix (ampli de puissance à 66 000 € dans une salle voisine, sur des enceintes à 20 000 € qui n'inquiéteraient pas des bons modèles à 5000 €)

Tidal est donc ma grande découverte de ce salon, et confirmation de la qualité des rendus des appareils Meitner et Gryphon, notamment le modèle Diablo que je connais bien maintenant. Un rendu à la fois ample, précis, dynamique, aéré, une vraie présence ses sons, des instruments, des voix, sans grossir certains traits, ni en oublier aucun, à l'aise sur des rendus intimistes comme sur de grandes envolées orchestrales.

Autre belle découverte déjà citée; les enceintes Fischer et Fischer. Marque allemande proposant des "ébénisteries" ( ! )  en ardoise. Très beau rendu là encore, mais débauche d'électronique pour la présentation, et prix pas petits pour les enceintes.

Enceintes et électroniques Tad. Très belle prestation avec le modèle bibliothèque.

Systèmes Tad: très bonnes écoutes, à confirmer par d'autres écoutes (je suis revenu spécialement au salon pour les écouter, j'avais "zappé" leur écoute hier. Très bonne impression en tout cas, sur le "petit" modèle (il apparait sur les réactions lues ici et là que les colonnes se sont montrées moins intéressantes, je ne les ai pas entendues).

Leedh E. Oui, c'est une enceinte. Et une excellente, même !

Enceintes Leedh E: plus petite salle qu'au salon précédent, les enceintes y étaient moins à leur aise, mais c'est le cas de touts les systèmes entendus dans cette salle: certaines caractéristiques de restitution y sont ici bridées, l'ampleur n'y est pas tout à fait, l'équilibre et la stabilité tonale y semblent perturbés. Heureusement, les écoutes précédentes confirment que c'est une caractéristique de la salle, les enceintes étant elles irréprochables sur ce point aussi. Bonne pioche malgré tout, j'ai pu entendre des enregistrements avec du grave. Pas de grosse énergie bien sur, mais ça descend bas, et évidemment, c'est d'une propreté exemplaire, qui manque à bien des ensembles entendus à coté.

Ecoutes longues aussi du système de correction Trinnov. Beaucoup à dire.

Tout d'abord, la salle a été apparemment traitée physiquement. A bon escient ? les choix de panneaux et leur mise en place a-t-elle été faite avec les systèmes de mesure que permet le système Trinnov ? J'en serais étonné, tant les système écoutés sans correction Trinnov présentaient de défauts de restitution. A moins que le "jeu" n'ait été d'augmenter ces problèmes, pour insister sur la performance du travail de correction proposé par les produits de la marque ? Je ne sais pas, mais le doute subsiste (à l'écoute de la piètre qualité du rendu avant correction numérique du signal, qualité résultante due aux caractéristiques acoustiques de la salle équipée de ses panneaux).

Ecoute des systèmes proposés, à chaque fois avec et sans correction par le système Trinnov. Correction par analyse multipoints, agissant sur le signal.
Ecoute sur 2 systèmes: un ensemble enceintes Triangle et caisson, et un ensemble avec enceintes grandes colonnes (les Blade de Kef). Avec visionnage des mesures avant, et après correction.

Démonstration très convaincante des améliorations permises par le système, les comparaisons avec et sans correction ne laissent aucun doute sur la réalité des améliorations.

Mais ne pas attendre de ce système plus que ce qu'il ne peut faire, ni qu'il soit sans contrepartie: ce système ne rend pas bons des systèmes qui ne le sont pas intrinsèquement au départ, il permet une baisse notable de certains soucis liés à l'acoustique de la salle (et c'est déjà un grand résultat). Par contre, il ne transfigure pas les enceintes, qui gardent leurs caractéristiques générales. Même si ça peut parfois permettre de corriger certains défauts de matériels (notamment la réponse en fréquence), ça ne peut corriger des soucis liés au phasage des voies et des enceintes, des colorations, des manques de lisibilité, ... Il faut donc bien avoir conscience que ces systèmes de correction, tout comme la technique du filtrage actif, ne peuvent pas tout. Au final, ces systèmes interviennent en amont, sur le signal électrique (celui qui véhicule la musique et les sons), mais ne changent pas la nature des HP, de l'ébénisterie, et du filtrage dans le cas d'enceintes passives. A preuve, nombre de systèmes voisins dans le salon, utilisés sans correction active (type Trinnov) proposaient une restitution plus convaincante que celle permise par le système avec les enceintes Kef Blade corrigées en actif. Le système plus accessible est resté, après correction, dans les limites de ce qu'il sait faire au mieux. Les modifications et améliorations étaient notables, mais l'ensemble restait limité par les caractéristiques des enceintes.

Donc système efficace, mais ne pas lui demander plus qu'il ne sait faire. Ce système de correction a ses adeptes et défenseurs assidus, personnellement je pense que cette configuration est à juger au cas par cas, et est très largement dépendante de ce que l'on privilégie dans la restitution. Je me méfie beaucoup de certaines conséquences néfastes par principes inévitables avec l'utilisation de tels systèmes, et je continue, toujours personnellement, à privilégier des aménagements physiques de salles dès que cela s'avère indispensable. Néanmoins, pour les adeptes de la courbe de réponse en fréquence la plus plate possible au point d'écoute, en priorité sur tous les autres critères qualitatifs de restitution, ce système Trinnov est particulièrement performant, et est LA solution du moment.

Autres visites:

Qobuz

Benoit Rebus (Qobuz) et Laurent (Atoll) installent le streamer ST200 sur le stand Qobuz (pour conversion analogique et écoute casque)

Qobuz, qui propose toujours des fichiers de musique dématérialisée, et du streaming de musique en qualité CD (c'est toujours une exclusivité).

Qobuz travaille toujours au développement des implémentations du streaming. Une fois fait, les appareils comme le ST 200 pourront, si le constructeur décide de suivre cette démarche, intégrer cette application directement à partir d'une connexion web sur le streamer.

Actuellement, seuls les appareils Sonos offrent cette possibilité depuis peu, mais avec quelques soucis encore. Pour l'heure, le recours à un ordinateur pour bénéficier de l'abonnement streaming en qualité CD reste la meilleure des solutions

Visites aussi d'autres salles, autres présentations et matériels.
de tout: du passable, des gros défauts, de belles choses pas toujours abouties, mais aussi de vrais ratés. Parfois par mise en oeuvre incomplètement aboutie, parfois par manque qualitatif des éléments proposés. Enceintes ternes, sons de boites, des pianos transformés en clavecins acides, du bruit ou des sons musicaux, mais pas de "présence" de la musique, juste la parfaite connaissance d'entendre de la musique enregistrée, quand d'autres système plus aboutis vous mettent en présence de la musique réelle et vivante.

Je remarque aussi, toujours avec étonnement, la diversité avec laquelle les différents systèmes et appareils proposés à l'écoute sont reçus. Assurément, les critères qualitatifs de restitution sont loin d'être universellement partagés avec les mêmes importances accordées aux mêmes valeurs. Certains vont grandement apprécier des rendus qui nous semblent manquer singulièrement de véracité, d'autres s'arrêteront sur certains aspects de restitution remarquables, oubliant tout un ensemble d'autres critères qualitatifs parfois dramatiquement absents ou dénaturés.

On peut dire que malgré le caractère restreint de la manifestation, comparativement aux autres années, il y en avait pour tous les goûts, petits systèmes exceptés: globalement, à quelques exceptions près, priorité était donnée au haut de gamme, onéreux, mais disons le, sans trop d'esbroufe ou de tapage. Pas énormément de belles réussites dans les grands systèmes, mais malgré tout de quoi bien se réjouir les oreilles dans plusieurs salles.

Un salon "normal", somme toute, qui a apporté son lot de déconvenues, mais aussi quelques belles et rassurantes surprises.

* A propos de l'avenir de la revue Haute Fidélité, un peu mise en questions ces derniers temps: Quelques informations obtenues sur place laissent cependant penser à une éclaircie possible pour l'avenir de la revue Haute Fidélité et de ses collaborateurs; on en saura plus dans quelques jours.