Je narre ici un "voyage audiophile" évoqué dans le forum, un déplacement amical d'un petit troupeau de parisiens amateurs de belles et bonnes choses, invités par un épicurien de Toulouse. Nous rendons visite à Fred en ses quartiers; Fred est venu nous voir à plusieurs reprises à Paris, où nous avions partagé de belles soirées d'écoutes musicales et d'évaluations comparatives de matériels, à la recherche des résultats les plus intéressants.
(inscription gravée sur la bordure d'un autel conservé dans l'église St Sernin -moulage)
Je reprends une partie du compte rendu rédigé pour le forum, mais ici avec l'avantage des images.
Or donc, nous -Pascal, son disciple (en cours d'émancipation) Thierry, Mireille, Yves, et ma pomme- nous rendons ce week-end à Toulouse, à l'invitation de Fred, le "local".
Fred étant déjà passé nous voir à plusieurs reprises à Paris, nous avons l'assurance de beaux moments, à tous points de vue.
Comment se passe une telle expédition ? beaucoup de choses curieuses, magnifiques, surprenantes, ...
-Un peu de technique: le voyage tout d'abord. Péripéties désormais normales pour les trajets en avion: il faut penser que Toulouse est situé au moins à distance de positionnement et à coût de ravitaillement de station spatiale géo-stationnaire, vu le prix demandé par les navettes Easy-Jet dès qu'on dépasse la taille des bagages cabine (taille qui se réduira encore à quasi la taille d'un sac à main dès juillet prochain). Ensuite, il faut prévoir que tout voyageur aérien est considéré de facto comme un terroriste avéré (fouille approfondie des personnes et bagages), que les fonds de shampoing et les pots de confiture translucide à la violette ou à la rose sont sans doute aussi dangereux que des explosifs, même si par ailleurs sont autorisés 4 pochettes d'allumettes et 2 briquets par personne. Ne cherchons pas trop à comprendre la logique américaine que nos compagnies aériennes ont trop vite accepté.
Information: au dessus des nuages qui nous pourrissent le moral depuis pas loin de 10 mois, le soleil existe toujours (on avait fini par douter).
L'arrivée: débarqués tôt le matin à Blagnac, Pascal avait réservé à l'avance une voiture, avait été débité à la commande, mais pour Monsieur Avis, ça ne veut pas dire qu'on vous donnera ce que vous avez commandé et payé. Moyennant un supplément, on vous fournira un autre véhicule, parce qu'il n'y a plus que celui là de disponible.
Heureusement, comité d'accueil sympathique, notre hôte et une charmante hôtesse, Fred et sa fille, récupèrent les piétons, et nous filons dans la ville.
Programme: on est pas là pour se faire emm..., comme dit Boris Vian, ou pour s'enfermer entre 4 murs, on est là pour passer un bon moment ensemble.
Programme: découverte de la ville, de sa gastronomie, repas conviviaux, quelques écoutes quand même (5 "experts" (si !) sous le bras débarqués spécialement de la capitale, ça aurait été dommage de ne pas en profiter), et promenades au travers des quartiers les plus intéressants, avec haltes dans des monuments et musées remarquables.
On attaque gaillardement la journée: passage prioritaire par l'un des marchés, où Fred a ses habitudes et doit récupérer quelques commandes pour le week-end.
Notre chance, c'est que Fred est un gourmet-gourmand très exigeant (dans le bon sens du terme), et qu'il a déjà ses sélections de fournisseurs, ses adresses, et chez ces fournisseurs, ses produits fétiches, dûment sélectionnés. Fromages, charcuteries, passage devant des étals avec grande qualité des produits et préparations.
Les fraises du marché (en haut), que l'on retrouvera un peu plus tard ...
Même la jeune Margot a ses habitudes culinaires, et ses marchands qui l'attendent pour ses préparations spéciales à déguster sur place.
Du parking en hauteur, petit panorama au dessus des toits de la ville:
Aperçu de quelques tours de Capitouls, marques architecturales distinctives des maisons des grands édiles de la ville.
Retour maison, pour déposer les commandes, récupérer une partie des troupes, et direction les quartiers anciens, pedibus et metropolotanis. Sous un temps mitigé (pas dépaysés du coup), on parcourt les rues et ruelles,
On repère les magasins de produits à rapporter au pays, et puis l'estomac nous rappelle l'heure. Pile quand on passe devant l'établissement le "Père Louis", estaminet resté coincé dans le XVIII° (siècle). C'est ballot: avec la pluie qui redouble, et la soif de Pascal qui s'éveille, obligés d'entrer s'en jeter au moins un derrière la cravate;
Avec ses murs et plafond peints de vues toulousaines d'époque, ses bonnes bouteilles, la gouaille du patron, on attaque sérieux. Quinquina, vin blanc, et charcuteries diverses pour accompagner.
C'est dur ! On tient le zinc (impressionnant de brillance, réargenté récemment à ce qu'il semble). Assiette de charcuteries de pays pour faire descendre, Mireille officie avec dextérité, mais peine à tenir le rythme face à ces voraces. Le temps pour Olivier (comparse des forums E&M et Atoll) de nous rejoindre. Et on tient à la suite la tablée, histoire de reprendre des forces (rognons, travers de porc aux lentilles, ...).
La pluie se calme, on reprend nos déambulations, guidés par Fred qui nous trouve les bonnes rues, les passages remarquables, les ambiances variées des maisons, nous présente des pans d'histoire spécifiques. Façades de maisons brique et bois récemment dégagées des enduits, grands immeubles entièrement en brique, souvent de type haussmannien sur les grandes voies
Décors, arcs, colonnes, tout d'la brique ! Les maisons grand-bourgeoises plus cossues sont forcément en pierre (le matériau bling-bling des siècles passés, dans cette terre d'argiles);
Très belle cour de l'Hotel D'Assézat (Maison du roi du pastel, la plante qui fit les fortunes locales de cette époque)
Nous poursuivons ensuite vers le musée des Augustins (qui ne sont pas Grands, comme j'avais cru).
Cloître avec magnifique jardin de simples, église, courettes, musée de sculptures, statues, chapiteaux, peintures, ce musée est une merveille. Margot semble très intéressée par les tableaux.
Thierry et Yves dans le cloître. On hume les herbes parfumées écrasées entre les doigts (variétés de légumes, menthe, et autres herbes de cuisine)
Coté sculpture, c'est varié: du sang et de la désolation (quelle piéta !)
des démons
de la zique (on perd pas de vue l'essentiel !). Vas-y Fulbert, pompe ! (pour actionner le soufflet de cet orgue portatif)
Comment peut sonner cet instrument ?
Ou encore celui-ci ... moins beau (enregistrement, instrument, jeu), mais avec usage de bourdons (sons continus distincts des sons mélodiques)
encore des démons (sort de ce corps ! ...)
un très beau coquillage (j'ai faim)
un coeur de palmier (j'ai faim)
la stèle funéraire d'un poissonnier/maréchal-ferrand (spécificité Toulousaine, I presume)
une religieuse (j'ai faim)
jusque dans les reflets, ça gargouille (j'ai faim)
un soldat endormi (ça a quand même l'air définitif, comme sommeil)
De la fesse. La sculpture s'intitule "le retour" (plus haut, ça s'embrasse avec sincérité)
La version originale de
-mais non, Madame, j'vous jure, j'ai jamais couché avec un garçon ...
(sculpture en haut relief, scène de l'annonciation)
Dans l'église des Augustins, partie intégrante du musée, d'autres merveilles
Les grandes orgues, de facture toute récente (1981 !) ce qui explique son état, on a cru à une superbe et toute récente restauration.
Petit échange grammatical avec Yves à cette occasion: un petit orgue, des grandes orgues: comme Délice et Amour, le mot "Orgue" change de genre en devenant pluriel.
Non, il ne s'agit pas de notre Bon Roi Henri. Mais ça aurait pu ...
Un d'un groupe de 4 anges musiciens, mis en scène sur un panneau divisant la nef, à l'occasion d'une conférence, au grand dam de Pascal, regrettant de ne pas avoir accès à une partie de l'édifice
Une étonnante femme à barbe; parait que c'est un prophète (manquent quand même quelques éclaircissements); magnifique sculpture en terre cuite un peu plus grande que grandeur nature, partie d'un groupe de 6 personnages:
(crédit photo: Musée des Augustins)
Abraham Lincoln (portrait du XVI° siècle)
le Lanceur d'étron (pas dégoûté, le sportif !)
larmes de pierre (magnifique expressivité de la sculpture)
Fontaine contemporaine, bien insérée dans cette cour, avec sol en calade, technique de revêtement de sol réalisé avec des galets de rivière.
Il appartient à cette dame:
(crédit photo: musée des Augustins)
Je me suis demandé sur place ce que pouvait bien fabriquer la donzelle dans cette posture étonnante.
Après de longs moments de perplexité, la lumière et l'explication ont jailli d'un coup: cette posture si particulière ne prend sa cohérence qu'avec un arc. Replacez un arc dans ses mimines, et voilà une nymphe chasseresse !
-mes arguments ultimes ? je vais te montrer ...
Détournement éhonté de ma part: prolongeons la hampe de la croix, et ce cardinal perd son caractère velléitaire pour gagner en charisme.
Vue en contre plongée d'un des escaliers
Les furieux, en goguette culturelle, n'ont pas l'air trop contrariés par le programme concocté par Fred.
On poursuit par les salles de peinture
Pictura interrupta.
Etonnant de présenter un tableau non achevé à ce point, mais tout compte fait très intéressant
Il n'y a pas que les revendeurs de Hifi qui vous jouent de la flûte !
Orfée aux enfers, présentant à Hadès le nouvel I-Pad 4
(crédit photo: musée des Augustins- retouche E&M)
Sortie du musée. Dehors, c'est déjà le printemps
Curieux du pittoresque des moindres cours, je passe plusieurs fois les immeubles sur la rue pour voir ces arrières cours parfois préservées, parfois pleines de végétation.
Et pour donner le temps à Sophie, l'épouse de Fred, de nous rejoindre, je me laisse volontairement enfermer dans l'une de ces cours par la fermeture automatique d'une porte cochère (mais ça, les copains ne voudront jamais le reconnaître). Ces propriétaires sont des grands malades: une fois dans la cour, impossible de commander l'ouverture d'un accès vers l'extérieur. A Paris, on empêche les gens de rentrer, on ne les bloque pas à l'intérieur (et je ne pense pas que le dispositif soit conforme, pour l'évacuation en cas d'incendie notamment). Mais bon: j'arrive à obtenir le code pour commander la sortie, et retrouver les amis (avec des photos du lieu).
Typique cour de maison bourgeoise, avec écuries et remises à carrioles;
Beaux pavages dans de nombreuses cours
On file aux Jacobins, autre lieu fort de la ville
L'église et cloître des Jacobins, lieu remarquable. Double nef, volume unique (hormis les chapelles latérales).
Impressionnant dispositif de miroirs mis en place par un artiste, disposés au pieds d'une des colonnes axiales, pour regarder la voûte qui se déploie en haut des piliers centraux de la nef.
(La photo est ici bien à l'endroit !) Cette vue plongeante dans les hauteurs donne un vertige particulier, et une autre vision des volumes, et de la prouesse architecturale et constructive.
Voutes nervurées de la chapelle axiale de la nef: gothique et classique
Fresques représentant des rois musiciens (tous au violon !), au plafond d'une chapelle jouxtant la salle capitulaire, et donnant sur le cloître
Dans la même, clé de voute avec inter-nautes !
Motif mural sur la façade ouest de la nef . Inhabituel, mais très intéressant.
Thierry, avec vertige, et Yves, avec assurance bien sûr, penchés sur le miroir ...
Beaux cloitre et salle capitulaire.
Vraies briques, pierres (arcs nervurés) et enduits peints.
intérieur d'époque d'une pharmacie de la ville
Mireille a beau réclamer encore des circuits à pieds, on retourne à la casa.
Olivier, Agnès et le jeune Raphaël nous rejoignent chez Sophie et Fred, pour un apéritif et un diner fameux.
La soirée de samedi:
Cette fois, les furieux enfermés dans une salle avec un système Hifi, difficile de nous empêcher: on écoute le système de Fred, on fait des branchements et des tests en tous genres, avec des matériels rapportés à la dernière minute pour compléter des manques de branchements. Et on teste différentes configurations, cables, DACs, entrées diverses de certaines machines, plug-in et softs divers. Variations de résultats, tentatives d'expertises, partages d'expériences, évaluations des différentes configurations sur les différences de rendu sonore.
Mais on n'a pas négligé le plateau de charcuteries, les excellentes charcuteries récupérées le matin au marché, chez le cousin de Fred (enfin ... pas tout à fait). Il y a des choses qu'il ne faut pas faire à moitié, et on a dégusté ces excellents produits sans se laisser distraire par nos oreilles, et en profitant de l'énergie e de la bonne humeur de Raphaël, qui vous a fait des tours de table basse sans jamais rien mettre en péril, ni nos précieux verres, ni les appareils à musiques.
Pour le diner, c'est Fred qui s'était mis aux fourneaux la veille pour le plat principal (joues de porc en daube), et Sophie pour le dessert
(musée des Augustins, photo prise l'après midi, bien avant les plaisirs de ce dessert)
Ah, ces fraises au Rivesaltes ... On s'est du coup penché sur une remontée de ce superbe vin à Paname.
Divers vins étonnants et merveilleux très bien choisis, Thierry n'a pas mis longtemps à être de très bonne humeur. Je ne vais pas tout décrire, ni les sensations et le plaisir éprouvé (notamment avec les fromages), sinon vous allez nous en vouloir ...
Après le dîner, le naturel reprend le dessus: des écoutes et tests, des échanges sur les projets d'évolution de système de Fred et d'Olivier, les avis des uns et des autres pour réorienter certaines solutions, et en toute fin de soirée, des écoutes et un petit essai de concert avec projection.
Dodo réparateur (pour les km avalés du jour, et en préparation de ceux du lendemain).
Le lendemain dimanche, on attend le gros des troupes (celui qui conduit) revenu de son gîte avec Mireille et Yves, en faisant à nouveau quelques tests et écoutes, notamment sur les différentes entrées optimisées et cables de DAC et d'enceintes. Et on repart à nouveau dans le centre ville pour une belle journée.
Il fait un soleil superbe. Boulevard Jean Jaurès, quartiers, coup d'oeil à l'intérieur de l'office du tourisme, dans un grand bâtiment ancien. Salle avec une très belle voute nervurée
puis place du Capitole
On profite d'une manifestation d'associations de langues sur la place pour disserter avec Yves sur les racines communes des langues serbes, finnoises et hongroises; on retrouve ici Olivier, Agnès et Raphaël, direction les bords de la Garonne
Ces ouvertures placées au dessus des piles ont permis au pont neuf (le plus ancien pont de Toulouse, comme son nom ne l'indique pas) de résister aux grandes crues, en permettant le passage continu des eaux même en cas de forte montée des eaux de la Garonne.
Très bel intrados de pont, le long de la berge. Ces arches décalées, à rayon de courbure variable, forment un ouvrage vraiment intéressant. Au bout, le passage est obturable par une gigantesque porte étanche (en blanc, rabattue sur la gauche), destinée à protéger les quartiers bas des crues.
Au dessus du Pont Neuf. De cet endroit, au loin, on aperçoit les Pyrénées (encore enneigées): signe de temps couvert pour les jours à venir.
Eglise du Taur (quelques instants d'orgue puissant durant la messe en cours), puis dégustation de vin (merci Fred pour ces découvertes), et déjeuner avec Sophie et Margot juste revenues d'un concert/conte de et avec Daniel Pennac, déjeuner dehors chez un poissonnier du marché -excellents couteaux à la plancha (spécialité toulousaine ? ne serait-on pas en train de se moquer de nous ?), puis promenade digestatoire:
Immeuble Art Déco, on a aussi pu voir des façades Art nouveau
Passage par l'église St Sernin
Puis l'église des Chartreux, avec son cloître-jardin
et le beau passage couvert coté nord de l'église;
Retour à la Garonne, quartier et le jardin des abattoirs (grandiose sculpture intestinale et gerbesque rose que Fred a essayé de refiler aux parisiens: mais nous aussi on a du goût: il se les garde, ses horreurs municipales).
Quelques achats de dernière minute, juste pour énerver les services de sécurité de l'aéroport (les confitures de violette et de rose), et on se prépare à rentrer, et à assumer face aux services de sécurité aérienne notre condition de terroristes, et d'alourdisseurs d'avions surtaxables.
2 jours qui en ont paru 4, tellement ils ont été denses. On a un peu marché, un peu bu, pas mal mangé (mais en dégustant), on a été reçus et soignés comme des princes, on s'en est mis plein les yeux, Sophie, Fred et même Margot ont étés aux petits soins pour nous, on a bien démonté le projet d'équipement d'Olivier (dans un louable but d'efficacité), on s'en est payé de belles tranches (et pas seulement de l'inoubliable jambon Patanegra de la famille Garcia, maison de renommée à Toulouse). Bref, un beau week-end entre amis, avec de belles écoutes et partages de musiques, des enfants adorables, de belles promenades dans des lieux superbes qui valent le voyage, des moments culinaires et gastronomiques exceptionnels, un beau soleil le dimanche (ça aussi c'était exceptionnel).
Merci à tous et à chacun: Sophie, Fred et Margot, et Agnès, Olivier (et le Raphaël, qui nous a accompagnés), pour avoir si chaleureusement reçu l'équipe parisienne, si dorloté ces nordistes. On a vraiment apprécié, votre compagnie d'abord, et aussi tous les soins et attentions prodigués. Nous, comme une volée d'étourneaux en goguette, on a profité à fond de tout, par les yeux, les papilles, les oreilles, et même par la peau avec ce beau soleil. Très belles et agréables grandes balades dans votre belle ville.
Merci aussi aux amis parisiens et néo parisiens.
Réflexion post article: je me rends compte, à la relecture, et en parcourant les photos prises dans divers lieux, de l'importance de l'iconographie et des représentations liées à la musique. On a pu en voir (sans forcément les remarquer en tant que tels) bien plus que ce que j'en ai rapporté. Des instruments de musiques sur des chapiteaux romans (parfois joués par des animaux), jusqu'au travail de ferronnerie XVIII° siècle, sur de grandes grilles de demeures importantes:
Les instruments ou les évocations de la musique sont surreprésentés, par rapport à toutes les autres activités humaines, dans ce qui fait tant le quotidien que l'exceptionnel de la vie présentée dans les peintures et sculptures, dans les représentations religieuses comme dans les "civiles". La musique a une place prépondérante dans les représentations: il semblerait bien qu'elle ait eu une place réellement marquante et prégnante dans la vie sociale, sous toutes ses formes (quotidienne, religieuse, festive, civile, ...).
La musique s'est aujourd'hui en partie banalisée, parfois amoindrie par les facilités offertes par les re-transcriptions différées et par procuration par les appareils mécaniques, puis électroniques. La musique vivante, produite directement par les musiciens, semble avoir perdu du terrain dans la vie quotidienne, au profit des musiques enregistrées reproduites, parfois ad nauseam, si on considère tant la qualité musicale elle même, avec des aspects marketing très puissants, que la qualité de retranscription, avec ses simplifications destructrices de bien des aspects qualitatifs. Il n'y a pas que des pertes irrémédiables, les facilités techniques dont nous disposons nous permettent une grande accessibilité aux musiques de qualité; mais on peut malgré tout constater une relative mise en retrait de la musique vivante dans bien des aspects de la vie sociale: selon les éléments de représentation, la musique forcément directe et vivante semble plus présente dans la vie sociale des siècles passés, et semblait accompagner naturellement plus la vie courante, quand la musique vivante d'aujourd'hui est majoritairement cantonnée aux salles de spectacles, et aux lieux spécifiques de divertissement. Les mécaniques de la retranscription musicale différée nous rendent plus passifs, la musique vivante semble avoir perdu l'importance qu'elle a pu avoir dans le quotidien de nos prédécesseurs.
crédit photo: Enceintes et Musiques, sauf photos signalées Musée des Augustins